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6 janvier 2012

Permanent Vacation (de Jim Jarmusch)

Permanent Vacation

Permanent_Vacation

Jim Jarmusch est indubitablement le cinéaste de la vacuité et de la solitude. Et son premier long métrage, Permanent Vacation, posait déjà les jalons d’un univers très personnel, un monde dans lequel la lumière se pose quelques instants sur les marginaux de notre temps… Ceux qui ont souvent volontairement (mais pas toujours) choisi de vivre hors du système, de la masse. Réalisé notamment grâce à une bourse scolaire qui, à la base, devait plutôt aider Jarmusch dans ses études (qu’il a courageusement sacrifiées… Et heureusement pour nous, en fin de compte !), ce film au titre provocateur et cynique nous narre l’errance pendant deux jours et demi d’Aloysious Parker dans une sorte de New York «parallèle». Ce jeune homme sans la moindre attache croisera sur sa route d’aussi singulières personnes que lui, des êtres pour qui le rythme de vie «métro-boulot-dodo» n’a aucune réalité tangible et qui cherchent à se révéler à eux-mêmes dans une société totalement indifférente à leurs états d’âme. Pour autant, Jarmusch ne nous brosse pas les portraits de gens malheureux, n’allez pas croire ça ! Il nous présente un Aloysious un brin mélancolique mais rêveur, débrouillard, philosophe, serein même, qui cultive le «vide» de son existence avec un certain savoir-faire. Cependant, Permanent Vacation demeure avant toute chose une critique de la société américaine (le fameux rêve américain) qui laisse à l’abandon une jeunesse pourtant pleine de potentiel (le protagoniste est passionné par la musique, la littérature – notamment Lautréamont, le chantre de la révolte de la jeunesse contre l'ordre établi – et le cinéma), une jeunesse qui par la force des choses rêve d’un ailleurs plus épanouissant. A ce sujet, cet «ailleurs» est assez identifiable dans le film du réalisateur de Coffee and cigarettes: il s’agit de la France (ou plutôt d’une version idéalisée de la France) et, plus généralement, du Vieux Continent. Lautréamont, le grisant départ pour Paris à la fin du film, la référence à Ennio Morricone dans la scène où Aloysious se rend au cinéma (au passage, faites bien attention au décalage voulu entre la musique et le film projeté à l’écran qui n’ont rien à voir l’un avec l’autre !), … Une très lente balade onirique, des lieux déserts ravagés par l’apathie humaine, … Construit comme un road movie (mais à pied ^^) dans la ville de New York, le film révèle déjà une certaine manière de filmer propre à Jarmusch (notamment dans les plans des décors) que tout fan du réalisateur (et j’en suis moi-même un !) percevra avec aisance. Mais même si de nombreux critiques parlent de cette première œuvre comme d’un «manifeste technique» du style Jarmusch (travellings latéraux pour saisir les lieux, segments narratifs isolés reliés entre eux pour former un tableau complet, le personnage principal qui est le narrateur, …), je pense qu’il s’agit plus d’un «manifeste sociologique» dans lequel ses grands thèmes sont déjà bien présents: solitude, vacuité de l’existence et de la communication, inégalités sociales, ville, … Sa technique, à proprement parler, sera bien plus en place dans sa seconde création, le très éthéré Stranger Than Paradise. Néanmoins, on distingue déjà les points forts habituels des œuvres du maître: une magnifique photographie, une B.O. envoûtante composée en grande partie par l’excellent John Lurie (qui tient le rôle du joueur de saxophone) et une puissante mise en scène. Par contre, le montage n’était pas encore la qualité première de Jarmusch… Un film lent, qui exige plusieurs visionnages pour être apprécié à sa juste valeur (la première fois, j’avais trouvé ce film assez correct, sans plus), mais qui est une pièce maîtresse du cinéma indépendant américain (pas aussi influente, tout de même, que Le Petit Fugitif). Quand à savoir si Aloysious Parker (petite digression: le nom de Parker n’est pas innocent, le réalisateur étant un grand fan de Charlie Parker) et Jim Jarmusch ne font qu’un… Je pense que non. Je crois plutôt que Jarmusch admirait (et admire encore ?) son personnage et, quelque part, le jalousait un peu… Notamment pour son courage et sa liberté ! Bref, une curieuse expérience à tenter absolument !

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Commentaires
A
Bonjour Marc!<br /> <br /> <br /> <br /> Comme je vous comprends! Je possède toutes ses oeuvres en DVD et je ne me lasse pas de les regarder! ^^<br /> <br /> <br /> <br /> Par ailleurs, j'ai fait un petit tour sur votre blog. Très élégant et lisible, des articles intéressants et variés... J'y reviendrai avec grand plaisir! :-)<br /> <br /> <br /> <br /> Je vous souhaite une excellente journée! A la prochaine, Gianni
A
Coucou Dom!<br /> <br /> <br /> <br /> Bon mardi également!<br /> <br /> <br /> <br /> Biz, Gianni
M
J'aime beaucoup Jim Jarmusch, il y avait eu à Angers une très belle rétrospective...
D
Bon mardi.<br /> <br /> Bisoux
A
Salut Yvon!<br /> <br /> <br /> <br /> Bonne soirée à toi aussi et profite bien de tes vacances! :-)<br /> <br /> <br /> <br /> A la prochaine, Gianni
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