Le Petit Fugitif (de Ray Ashley, Morris Engel et Ruth Orkin)
Le Petit Fugitif est un excellent film en avance sur son époque ! Cette manière si réaliste de filmer et la précision de certains plans et de certaines scènes nous font penser, outre la génération "Nouvelle Vague", à Jim Jarmusch ou encore Ken Loach... Une vraie critique de la surconsommation est présente dans le film (sans parler des thématiques des inégalités sociales et de l'enfance, largement abordées tout au long de l'oeuvre). Mais allons plus loin... La journée du petit Joey à Coney Island est une véritable métaphore de la vie moyenne d'un homme moyen: le matin, il consomme bonbons, barbapapa et tours de manèges sans aucune modération (comme un homme commence sa vie en consommant tout et n'importe quoi sans réfléchir, avec insouciance); l'après-midi, il se met à ramasser des bouteilles sur la plage pour se faire un peu d'argent et réaliser ses désirs, faire des tours de poney dans le cas présent (comme un homme "gagnant en maturité", comprenant que l'on peut "réaliser" ses rêves en ayant une situation, un travail, ...); et le soir (très court passage dans le film mais magnifique !), il observe la foule et tout ce petit monde qui s'agite autour de lui avant de tomber de fatigue (comme un homme vieillissant portant un regard plein d'expérience et de recul sur la vie avant de mourir, épuisé par elle...). Le Petit Fugitif est aussi une somptueuse satire du "rythme" de l'existence humaine tel que nous le concevons de façon très formatée. En bref, un chef-d'oeuvre absolu !