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Le cinéma d'Arkelios
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25 juillet 2010

Et c'est parti ! Commençons par mon Top 30 Films !

- Article modifié le 31/10/2011 -

J'ai vu pas mal de films jusque-là (plusieurs milliers)... Mais cela reste insuffisant! Des classiques, des téléfilms, des nanars, des films d'auteur, ... Tout y passe! Mais pour le moment, voici les 30 films qui ont retenu mon attention:

M_daille_d_orCherry Blossoms

 Cherry_Blossoms

En voyant ce film, je me suis dit que tout ce que j'avais vu jusque-là auparavant était loin, très loin d'être du Cinéma. Et je pèse méticuleusement mes mots! Cherry Blossoms traite de tant de thèmes fondamentaux que je ne sais par où commencer... S'ouvrir au monde qui nous entoure, aux autres et à leurs cultures (les scènes de buto dans le long métrage de Doris Dörrie ne sont pas innocentes, le buto étant une danse basée sur l'ouverture de l'esprit à son environnement et la conscience que l'être fait partie intégrante de l'univers); prendre le temps de contempler et d'apprécier de petites joies simples, des instants éphémères et la beauté de la nature (le fait de situer son film au moment du traditionnel Hanami japonais est une excellente idée de la part de la réalisatrice qui reste parfaitement en phase avec le propos principal de son oeuvre !); oublier son "rythme" de vie effréné et aveuglant; vivre ses rêves à fond et ne pas se laisser "statufier" et vider de sa force par la routine; ... Voilà, entre autres et innombrables messages, ce que ce chef-d'oeuvre ultime veut nous faire passer! Ajoutons à cela une très très fine réflexion sur la cellule familiale et les relations parents-enfants, une tout aussi subtile analyse du deuil, de la mort et de la solitude, un regard extrêmement intelligent sur l'écologie, la nature et les inégalités sociales, et vous obtenez une oeuvre incroyablement puissante! Et que dire des aspects "techniques" de Cherry Blossoms... Selon moi, et très objectivement, tout est parfait: la réalisation, la mise en scène, la B.O., l'interprétation (fantastique Elmar Wepper!), la photographie, le montage, ... Jamais un film ne m'a arraché autant d'émotions et de larmes. La société se modernise de plus en plus et à une allure phénoménale... Du moins, le croit-elle! Elle laisse derrière elle toutes les personnes qui n'avancent pas à son rythme, qu'elles soient figées dans leurs "petites existences" ou qu'elles prennent le temps de regarder et d'apprécier leur environnement... C'est triste et cela semble inexorable vu de notre "petite fenêtre"... Mais le parcours de Rudi est le plus beau message d'espoir et d'amour qu'il m'ait été donné de voir! Un long métrage à posséder à tout prix dont le mot d'ordre est CONTEMPLATION!!! Petit bonus: Cherry Blossoms est en plus une magnifique oeuvre sur le Japon et analyse habilement les deux visages de ce beau pays partagé entre modernité (avec en filigrane une critique du mode de vie de plus en plus oppressant de nos amis nippons – notamment concernant les "businessmen") et tradition/mémoire du passé.

M_daille_d_argent Gran Torino

Gran_Torino

Gran Torino parle de respect d'autrui, de tolérance, de rédemption (celle du personnage d'Eastwood en proie à ses vieux démons qui ont conditionné l'ensemble de sa vie, qui l'ont "emprisonné" dans une sorte de méfiance d'autrui qui le rend malheureux), d'ouverture d'esprit, de culture, de religion, d'éducation, ... Sur ce dernier point, le film rappelle à juste titre l'importance du rôle de transmetteur du savoir que l'adulte a envers le jeune (une idée capitale !). Au contact de Thao et de la culture Hmong (une fort belle culture d'ailleurs !), Walt va peu à peu s'épanouir et sortir de sa torpeur haineuse pour, dans un final d'une beauté rare, nous offrir une vraie leçon d'humanité et de non violence et ainsi détruire ses vieux démons issus de son passé en Corée. Clint Eastwood aborde également le thème de la famille (notamment la place de la personne âgée dans la cellule familiale) avec une justesse de ton sidérante. Ce Gran Torino est pétri de valeurs justes et oubliées de nos jours: le mérite (au travail et dans la vie personnelle), la vraie justice (on est loin d'une apologie de l’autodéfense ici !), le respect de soi et des autres, ... Pour conclure: Gran Torino est un film maîtrisé sur tous les plans (thèmes abordés, mise en scène, réalisation, interprétation, ...) et chaque moment de ce long métrage appelle le spectateur à une profonde réflexion. Tout simplement magnifique !

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 L'Homme qui tua la peur

L_Homme_qui_tua_la_peur

Pour vivre en homme le plus libre possible, il faut vivre sans avoir peur d'agir quand cela est nécessaire... Outre le racisme, ce film audacieux et courageux de Martin Ritt dénonce la lâcheté presque "naturelle" de l'homme qui ferme les yeux et attend que les problèmes passent et/ou se résolvent d'eux-mêmes... Sauf que cela n'arrive jamais ! Le personnage interprété par John Cassavetes vit dans la peur de se faire rattraper par son passé (c'est un déserteur) et en oublie de vivre, de se construire une vie, un avenir, une personnalité, ... Ce que le personnage joué par l'impeccable Sidney Poitier va lui rappeler ! Il va tout faire pour lui montrer la voie à suivre (jouer les entremetteurs, l'inviter à dîner avec sa famille, ..., bref l'aider à se construire une vie sociale), tel un guide spirituel. Ce qui est très intéressant dans ce film, c'est le perpétuel "tiraillement" du personnage de Cassavetes entre la facilité de "vivre" sans risque, sans faire de vague et l'envie de vivre réellement et pleinement une vie normale, la plus heureuse possible. Et Edge of the City met le doigt sur quelque chose d'important: il est difficile d'assumer ses responsabilités et ses engagements envers ses proches lorsque l'on vit dans la crainte d'autrui. Aller vers les autres avec amour, respect et confiance, c'est d'abord avoir du respect pour soi. Voilà la morale de ce magnifique chef-d'oeuvre, par ailleurs techniquement maîtrisé (B.O., mise en scène, interprétation, réalisation, ...). Une sublime histoire de rédemption que l'on pourrait résumer par la citation suivante: "La vie ce n'est pas d'attendre que les orages passent... C'est d'apprendre comment danser sous la pluie."... A posséder absolument !

4- Mondwest

Mondwest

Mondwest est une œuvre qui, à première vue, ne semble pas aller au-delà de la simple étiquette «film culte et pionnier en matière de science-fiction» qu’on lui colle habituellement… Et pourtant… Un second visionnage et tout devient plus clair ! En tout cas, c’est ce qui m’est arrivé ! Libre à chacun de voir ce qu’il veut dans cette histoire de parc d’attractions futuriste dans lequel les hommes peuvent assouvir différents fantasmes (être un cow-boy et faire des duels, ressembler à un sénateur romain, se prendre pour un chevalier médiéval et en défier d’autres pour conquérir sa belle, …). Pour ma part, et après l’avoir revu, Mondwest ne m’apparaît plus comme un simple divertissement (excellent dans son genre, ceci dit) mais plutôt comme une œuvre profondément engagée ! On peut y percevoir une réflexion sur notre société occidentale qui, trop oppressante, ne permet pas à l’individu de s’épanouir convenablement et l’oblige à trouver des «remèdes» pour soigner sa frustration de n’être qu’un pion à son service… Et ce parc, DELOS, est un remède illusoire où l’homme se sent tout puissant en dominant (de diverses manières: torture, exécution, insulte, …) des robots qui n’ont aucune autre fonction que de servir de défouloir ! Oublier sa vie en s’en fabriquant une autre plus proche du désir de pouvoir inhérent à l’espèce humaine… Le temps d’un instant… Dans un parc d’attractions. Après tout, c’est un peu ce que tout le monde fait de nos jours à travers diverses occupations modernes comme jouer à un jeu vidéo (et je sais que ce média peut être aussi stimulant que destructeur…), se créer un blog (dans lequel on est le petit chef), … Et pourquoi faisons-nous cela ? Personnellement, j’aime jouer aux jeux vidéo pour me détendre et oublier un court moment la réalité de ma société. C’est aussi, entre autres, ce que je cherche dans le cinéma. Mais allons plus loin… L’illusion du pouvoir offerte par le parc d’attractions à des hommes stressés n’est-elle pas un moyen pernicieux d’asservir un peu plus un peuple ? Vous connaissez (ou devinez) ma réponse. Comme le disait Aldous Huxley dans son livre Le Meilleur des mondes, la dictature parfaite serait un système d'apparence démocratique où les esclaves «auraient l'amour de leur servitude» grâce à la consommation et au divertissement. Et je pense que Mondwest, en incroyable film visionnaire qu’il est, a voulu nous montrer tout ça ! Nous dire: «Attention à ne pas oublier trop facilement la vie réelle, si difficile soit-elle, et à ne pas se laisser séduire tout aussi facilement par le virtuel qui nous enfonce davantage dans la solitude et la détresse !». Ce message est d’autant plus d’actualité que notre quotidien pullule de tentations oisives totalement inutiles… Je pense aux jeux télé, à certains appareils liés aux nouvelles technologies (IPAD et cie), … Alors, bien sûr, je ne fais pas le procès des parcs d’attractions, jeux vidéo et autres loisirs ; je pratique tout ça moi-même ! Ce sont de précieuses "soupapes de sécurité" ! Non, je fais plutôt celui de la démesure et de l’extrême ! L’homme a besoin de se divertir… Mais pas trop ! Car sinon il oublie vite les vraies raisons de son existence, les vraies priorités de la vie ! Revenons au film. Lorsque les robots se rebellent, les humains commencent à paniquer. N’ayant plus le pouvoir, ils redeviennent alors faibles et lâches, ne sachant que faire pour (sur)vivre. Et, finalement, le seul homme à s’en sortir vivant à la fin du film n’est autre que le plus sceptique et méfiant à l’égard du parc ! Je n’y vois pas un hasard. J’y vois un message. Celui de nous faire comprendre qu’il faut toujours se méfier de ce qui n’est qu’illusion, surtout lorsqu’elle ne sert que le simple plaisir de l’homme ! Sur un plan purement technique, Mondwest possède de nombreuses grandes qualités ! L’interprétation est impeccable (mention spéciale à Yul Brynner en robot implacable portant les mêmes vêtements qu’un certain Chris dans le film Les Sept mercenaires… ^^), la mise en scène efficace, la réalisation maîtrisée, les effets spéciaux ambitieux et novateurs (quelques images de synthèse ont été utilisées, notamment pour la vision du robot interprété par Brynner qui n’est pas sans rappeler celle d’un certain T800…) et les décors et costumes particulièrement bien travaillés. Michael Crichton était visiblement obsédé par le thème de la perte de contrôle de l’homme sur son environnement et ses créations (notamment robotiques): Runaway, l’évadé du futur et Jurassic Park traitent de la même chose ! Mais de manière un peu moins «grinçante» que Mondwest… Ce qui lui donne tout son charme, d’ailleurs ! Pour conclure, disons simplement que Mondwest est un croisement entre Blade Runner et Jurassik Park qui alerte le spectateur sur les impacts aussi vicieux que subtils de la société sur le comportement de l’individu. Sous le poids des contraintes, l’homme se perd dans des défouloirs qui l’enferment encore un peu plus, permettant à ceux qui dirigent la société de régner tranquillement sans aucun risque de révolte… «Tout est sous contrôle !» Un précurseur brillant (Terminator, The Truman Show et bien d'autres films cultes peuvent lui dire un grand merci !) et révolutionnaire… Dans tous les sens du terme !

5- Un Eté avec Coo

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Véritable ode au respect de la nature, Un Eté avec Coo est un film d'animation aussi émouvant que subtil! Un message simple et essentiel: l'homme, s'il le souhaite vraiment, est capable de préserver le fragile mais vital équilibre entre son espèce et la nature... Keiichi Hara réussit la prouesse de rendre ce message accessible à toutes et à tous, petits et grands. Isao Takahata (le réalisateur du fabuleux Le Tombeau des lucioles) a dit de ce film qu'il était "spontané et chaleureux, une immense joie.". Effectivement, malgré un petit côté mélancolique, ce film respire l'espoir, l'espoir d'un monde plus harmonieux entre la nature et l'homme. L'autre grand sujet du film est la peur d'autrui (à travers l'histoire entre Kôichi et Sayoko, à travers la curiosité et l'ignorance des gens vis-à-vis du kappa Coo, ...). Pour apprendre à aimer son prochain et à ne pas avoir peur de lui, apprenons d'abord à connaître son prochain et à le respecter... D'autres thèmes importants sont traités tout au long du film, notamment ceux de la cellule familiale, de l'omniprésence des médias dans la société actuelle et du respect des traditions et du passé. Pour résumer: le meilleur film sur l'écologie et l'un des tous meilleurs sur la notion de "respect". Un chef-d'oeuvre ultime d'une rare beauté!

6- Happy Feet

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Place à un vrai chef-d’œuvre monumental : Happy Feet ! L’histoire en quelques mots: un manchot empereur du nom de Mumble se retrouve banni de sa communauté car il n’arrive pas à chanter. Double problème : en effet, pour pouvoir prétendre un jour courtiser l’élue de son cœur, tout manchot mâle qui se respecte doit savoir pousser une vraie chansonnette d’amour ! Malheureusement pour notre jeune héros, son seul don se résume à faire des claquettes (ceci dit avec brio !)… L'autre problème tient dans le fait que les vieux mâles manchots, très conservateurs sur les valeurs traditionelles de leur espèce, pensent que la mauvaise influence de Mumble sur ses congénères (ils voient la danse comme une perversion) a fait disparaître les poissons ! Hors, aucune nourriture possible sans poisson ! Contraint de partir à l’aventure, Mumble est déterminé à connaître la cause réelle de cette mystérieuse pénurie de poissons et va découvrir le monde extérieur et faire des rencontres toutes plus étranges les unes que les autres ! Oscar du meilleur film d’animation 2007 (entre autres nombreux prix !), cette oeuvre parle d'éducation (l'école ne prend pas assez en compte le rythme de chacun), de xénophobie (le film prône clairement le métissage - notamment culturel -), de tolérance, de confiance en soi et d’écologie ! Tout un programme, qui plus est parfaitement respecté et exécuté par le réalisateur George Miller (Mad Max, Les Sorcières d’Eastwick, …) ! Ce qui m’a agréablement surpris dans ce film, ce n’est pas tant le discours sur le droit à la différence ou encore celui sur l’estime de soi (par ailleurs tous deux très bien "transmis" et clairs) que le message écologique ! Happy Feet fait preuve d’une subtilité rare dans ce domaine ! Critique de la pêche intensive et de la trop grande croissance des flux de transports maritimes, début de réflexion intéressante sur le rôle vital et les limites des parcs zoologiques, démonstration de l’importance de la biodiversité (que le film rattache logiquement et intelligemment au propos sur le droit à la différence), … Happy feet mérite largement sa place au panthéon des films d’animation que nous devons absolument montrer aux enfants pour éveiller en eux une véritable, profonde et sincère conscience écologique ! En plus, le spectacle visuel et sonore est au rendez-vous ! La qualité de l’animation est excellente et les chorégraphies et chansons entonnées sont aussi géniales qu’euphorisantes ! Une vraie comédie musicale d’animation ! Notons aussi le remarquable travail de doublage (notamment l'excellente prestation de Kad Merad dans le rôle de Ramon, hilarant !). Vous n’êtes toujours pas convaincu ? Bon… Je ne vais pas non plus vous menacer et vous obliger à regarder Happy Feet… Mais, pour ceux qui n’aiment pas les discours "guimauves" sur l’environnement, sachez tout de même que ce film pose un regard ni trop optimiste ni trop pessimiste (et c'est un bon point !) sur la question écologique. Il analyse les choses avec une réelle objectivité, sans le moindre manichéisme. Même si je pense qu’il est parfois nécessaire d’être un peu manichéen, surtout en matière d’écologie ! Lorsque l’on aborde ce sujet, beaucoup de personnes se retranchent volontairement et consciemment derrière l’excuse du discours manichéen de certains défenseurs de la cause pour ne rien faire et ne pas regarder l’ampleur bien réelle du désastre due majoritairement à notre "empreinte" (chose remarquablement bien illustrée dans le film : le personnage de Lovelace et son soi-disant " talisman " autour du cou, la pollution marine, ...)… Les détracteurs de l'écologie pourront toujours dire que le final de l'oeuvre de Miller est une note d'espoir bien naïve, il n'en demeure pas moins que l'ensemble s'avère très nuancé et sérieux sous des apparences de fêtes innocentes... Et puis l'espoir n'est pas non plus une maladie que je sache, non ? J’arrête le laïus ici. Bref, si vous voulez voir un super film d’animation énergique, beau, intelligent et idéal pour toute la famille, alors Happy Feet est fait pour vous ! Je vous conseille vivement de le posséder ! ! !

7- WALL-E

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WALL-E, réalisé par les studios Pixar, réussit l'incroyable prouesse de divertir son public (petits et grands) et de faire passer un vrai et très intelligent message écologique! Devant ce ballet d'images, on est tour à tour amusé des pitreries du héros, terrifié par les dégâts écologiques causés par l'homme (l'impressionnante première demi-heure nous montre une Terre de désolation où la solitude de WALL-E et l'absence de dialogue nous fascinent autant qu'elles nous effraient!), encore plus terrifié par l'apathie humaine et son "nouveau" style de vie que nous commençons d'ailleurs peu à peu à adopter (des humains obèses qui ne bougent plus et font tout à distance depuis leurs "fauteuils volants"), ému par quelques personnages qui ont encore une conscience, ... WALL-E arrive à transmettre toutes ces émotions subtiles et lourdes de sens aussi bien à nous, les adultes, qu'aux enfants!!! Il parvient à capter harmonieusement l'attention de tous et nous dit: "apprenons à vivre avec la nature... Vivons de nos terres sans salir et pomper à outrance l'énergie que la planète peut nous apporter...". Attention, le message n'est pas pessimiste, au contraire! Le film ne clame pas qu'il est trop tard, que rien n'est plus possible dorénavant... Il éveille les consciences! Le générique de fin, très intelligent lui aussi, nous montre que bâtir un mode de vie plus harmonieux avec la nature est envisageable, même s'il faut pour cela repartir de zéro! Et ce message d'espoir écologique, tout le monde peut le comprendre à travers cette oeuvre ambitieuse sublime à regarder. Enfin, signalons que WALL-E parle aussi d'amour via la tendre histoire de nos deux petits héros robotiques aux voix si attachantes (joli boulot de Pixar, à ce sujet)... Un véritable joyau du film d'animation!

8- Le Château dans le ciel

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Hayao Miyazaki signe ici une magnifique fable sur l'écologie et le rôle de l'homme dans la préservation de l'environnement. Le Château dans le ciel est aussi une oeuvre antimilitariste et profondément pacifiste que nous devons absolument montrer aux jeunes générations. Le célèbre réalisateur du Voyage de Chihiro enrobe son louable et précieux propos d'une histoire passionnante, intelligente, alerte et ne laissant aucune place à l'ennui. Le tout est magnifié par un dessin plus que superbe parachevant la transformation de ce "simple" film d'animation en véritable chef-d'oeuvre humaniste ultime! A ranger aux côtés de WALL-E et Un été avec Coo et à montrer à vos enfants sans la moindre modération!

9- District 9

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Voilà un film qui brille par son originalité ! Mélange de science-fiction et de satire sociale, ce long métrage place les extraterrestres non pas dans la peau d'envahisseurs mais dans celle de victimes malheureuses d'avoir atterri sur une planète Terre qui ne sait que faire d'eux... Peu à peu, ces "extraterrestres" sont parqués dans un ghetto de Johannesburg (le District 9) et livrés à eux-mêmes, cherchant ce dont ils ont besoin pour survivre là où ils peuvent (décharges, divers trafics avec des gangs humains, ...). Mais à bien y regarder, est-ce vraiment un film de science-fiction ? De nombreux humains ont vécu et vivent encore actuellement un quotidien plus ou moins similaire à celui des extraterrestres du film ! On pense bien sûr à l'Apartheid (vu le contexte géographique de l'oeuvre de Neill Blomkamp) mais cela va bien au-delà... Un brin antimilitariste, District 9 nous montre sans tact mais très habilement la violence avec laquelle l'être humain est capable de traiter ses semblables. Le film dénonce une société violente, déshumanisée, gangrenée par l'argent (et le profit) et intolérante par crainte de l'autre... Pour ne pas dire xénophobe ! A ce message fort s'ajoutent une réalisation impeccable, un scénario original et intelligent, une bonne interprétation et un rythme bien maîtrisé. Il faut noter que les effets spéciaux sont très réussis et ne nuisent en rien à la qualité de l'histoire qui reste l'atout numéro un de District 9. Pour conclure: ce film signe un retour à la grande époque de la science-fiction (celle des années 70 et 80) avec un message universel fort et actuel. Un véritable chef-d'oeuvre qui, je pense, deviendra culte au fil des ans !

10- Valse avec Bachir

Valse_avec_Bachir

Seul vrai grand film sur la guerre (et j’en ai vu un paquet sur le sujet !), Valse avec Bachir étonne aussi bien formellement qu’intellectuellement ! Le thème central de ce film d’animation documentaire (un « style » qui mériterait d’être plus exploité) est la relation entre la mémoire et la guerre. Pourquoi certaines personnes, comme Ari Folman (le réalisateur-« protagoniste » du film), oublient l’inoubliable (aussi choquant soit-il) ? Ce VRAI documentaire, heureusement vidé des mièvreries et dramaturgies dégoulinantes habituelles lorsque l’on parle de guerre, n’apporte pas de réponse claire et catégorique mais plusieurs pistes et réflexions sur ce sujet douloureux. Une ambition mesurée, preuve d’une grande intelligence ! Le film défend plusieurs idées : la culpabilité d’avoir participé à certains actes horribles (lancer les fusées éclairantes au moment du massacre de Sabra et Chatila, la mort d’un enfant, …) a poussé Ari à oublier tout ça. Une sorte de mécanisme instinctif d’autodéfense pour pouvoir continuer d’avancer dans la vie… Mais le cerveau humain étant ce qu’il est, les « rêves » qui le taraudent sont le triste et lancinant reflet de son tribut à la guerre… Et Ari goûte ainsi à une autre forme de culpabilité : celle d’avoir oublié des évènements aussi horribles… La culpabilité entraîne l’oubli qui entraîne lui-même la culpabilité ! Quelle affreuse ironie ! Valse avec Bachir révèle aussi avec brio une autre ironie inhérente à la guerre… La guerre est inhumaine, tout le monde le conçoit, mais pousse les êtres humains à réagir plus instinctivement et naturellement qu’ils le feraient dans leur vie quotidienne ! Sacré paradoxe ! La guerre rend à la fois moins humain et plus humain… Mais personne ne traverse la guerre sans le moindre changement. Le thème de l’enfance sacrifiée, l’enfance bafouée est très présent (enfants victimes, enfants soldats, ...)… C’est inévitable et sordidement réaliste lorsque l’on aborde la guerre. Mais, plus surprenant, le thème de la psychanalyse (et plus précisément celle des rêves) est récurrent et apparaît à chaque fois qu’Ari vient questionner son ami psy sur ses rêves. Et, chose remarquable, la psychanalyse des rêves est ici traitée avec intelligence. Sur un plan plus technique, soulignons l’incroyable B.O. (une des meilleures du genre !) et la qualité et l’originalité de l’animation (qui donne beaucoup de force, de poésie et d’authenticité au film). Bien qu’ancré dans un évènement précis, le massacre de Sabra et Chatila, le film ne nécessite pas de pré-requis historiques pour en comprendre la portée philosophique. Pour conclure, disons simplement et sérieusement que Valse avec Bachir est le meilleur film sur le thème de la guerre que j’ai vu… Et de loin ! Le choix de la forme du film d’animation pour créer ce documentaire est judicieux et amène une appréciable authenticité (déjà bien en place avec tous les témoignages véridiques présents dans le film). La fin de l’œuvre est terriblement puissante et montre des images réelles prises au moment des massacres perpétrés par l’armée israélienne et les Phalanges libanaises dans les camps de réfugiés palestiniens… Le tout sous un silence de plomb. Un chef-d’œuvre incontournable !

11- The Constant Gardener

The_Constant_Gardener

The Constant Gardener est un film engagé qui, à travers l'exemple précis de l'industrie pharmaceutique voyant l'Afrique comme un laboratoire bon marché, montre que l'Europe (entre autres) considère ce continent comme un endroit où l'on peut gagner de l'argent facilement et à n'importe quel prix sur la vie d'un peuple. C'est comparable au trafic d'armes, d'ailleurs ! Beaucoup de choses sont montrées dans le film: misère sociale, graves problèmes sanitaires, catastrophe environnementale, enfants soldats, ... The Constant Gardener fait écho à un documentaire allemand méconnu dont le titre français est "L'Europe plume l'Afrique" (2008, réalisé par Joachim Vollenschier - 43 minutes). Ce documentaire aborde le sujet gravissime des industries agroalimentaires qui "nourrissent" l'Afrique avec les restes des découpes de poulets congelés dont les blancs sont destinés aux européens. Les conséquences sont catastrophiques sur le plan sanitaire (le transport de marchandises congelées douteuses), mais également sur le plan économique car les éleveurs de poulets locaux d'Afrique de l'Ouest n'arrivent plus à vendre leurs produits et font faillite ! Pour revenir au film, un reproche peut lui être fait: il met un peu trop en avant l'histoire d'amour des deux protagonistes... Mais il s'agit là, je pense, d'un "enrobage" nécessaire à la présentation du propos. De plus, cet amour est à mettre en parallèle avec celui du réalisateur pour l'Afrique. Bien que ce film soit dur, il parvient à nous montrer toute l'humanité et toute la beauté de l'Afrique. En attestent la photographie et les nombreux plans de paysages, sublimes ! Le personnage interprété par Ralph Fiennes et son "cheminement" posent une question intéressante: faut-il que l'amour soit le moteur de l'éveil de notre conscience et de notre humanité ? En bref, The Constant Gardener est un véritable chef-d'oeuvre passionné ! Petit bonus: une super interprétation (encore !) de Bill Nighy, un acteur que j'adore particulièrement !

12- Lord of War

Lord_of_War

Andrew Niccol n’est pas un réalisateur prolifique (trois films entre 1997 et 2005)… Mais le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il soigne ses films ! Lord of War, son troisième film, traite du terrible problème du trafic d’armes international. Comment aborder de front un sujet aussi énorme et complexe, quelque chose qui très probablement ne trouvera jamais de solution ? Naïvement ? En disant : « Oui, l’homme va un jour comprendre que la violence ne résout rien, que les armes n’ont aucun autre but que celui de donner la mort, … » ? Ne rêvons pas… La seule manière d’aborder ce sujet, c’est de décortiquer la mécanique (ou le fonctionnement, comme vous voulez) à la manière d’un documentariste. Et c’est un peu l’impression que me donne ce film : un documentaire « romancé » sur le trafic d’armes international. Certes, il y a une histoire purement fictionnelle : celle d’un immigré ukrainien du nom de Yuri Orlov qui, pour aider financièrement sa famille dans un premier temps, va se lancer dans du trafic d’armes à « petite échelle ». Puis, se sentant doué pour ce business excitant, il va se prendre au jeu pour devenir rapidement le meilleur dans son domaine (trouvant bon nombre de subterfuges pour braver et contourner les lois internationales). Mais il va peu à peu se déshumaniser au fur et à mesure de son ascension et les choses vont commencer à déraper quand il va impliquer davantage sa famille (et notamment son frère)… Cette partie de l’histoire, bien que magistralement portée à l’écran par la réalisation efficace de Niccol et les excellentes interprétations de Nicolas Cage et Jared Leto (entre autres), est presque anecdotique en comparaison des nombreuses scènes « techniques » sur le trafic lui-même ! Très documenté (Andrew Niccol aurait, semble-t-il, travaillé avec un ou plusieurs vrai(s) trafiquant(s) d’armes comme consultant(s)), Lord of War nous montre comment ces « marchands de mort » s’y prennent très concrètement pour contourner les lois internationales (la scène de la modification du nom du bateau à la peinture, le pillage express de l’avion-cargo transportant des tonnes d’armes, …), négocier les tarifs des cargaisons avec les clients, passer les frontières sans problème (un « petit » billet par-ci par-là, …), mener une double existence (différentes caches d’armes, jeux de passeports, …), … Bref, un véritable « Le trafic d’armes pour les nuls » ! L’ensemble du film, cynique à souhait, ne se contente pas bêtement de dénoncer le trafic d’armes sans en analyser les enjeux politiques et surtout économiques ! Il explique intelligemment que les trafiquants d’armes sont un « mal nécessaire » dont certains gros pays occidentaux (comme la France et les Etats-Unis, entre autres) se servent pour gagner de l’argent sur le dos des diverses guerres civiles et de religions à travers le monde… Un point de vue osé (mais bien réel) qui n’a pas plu aux producteurs américains et qui a donc contraint le réalisateur à se faire produire en Europe (pour une partie en France). De même, le film montre bien le côté « apatride » du trafic d’armes international : Orlov est capable de vendre les mêmes armes à deux camps qui s’opposent directement dans le même conflit ! Après tout, business is business ! Du moment que le client vient refrapper à la porte... Une des règles d’or du trafiquant joué par Cage dans le film est de ne jamais prendre fait et cause pour un camp. Peu importe la « cause » défendue par un camp, pourvu qu’il paie bien ! Tout l’esprit du film est là : dénoncer cyniquement et concrètement la mécanique économique du trafic d’armes international ! La force des dialogues y est d'ailleurs pour beaucoup... Que de répliques cultes ! Et ce cynisme est nécessaire dans le cas présent : il permet d’atténuer le côté documentaire froid et objectif et de renforcer l’aspect dénonciateur de l’œuvre tout en faisant clairement comprendre que ce vaste problème du trafic d’armes international ne trouvera probablement jamais de solution ! Réalisme, voilà le maître mot de Niccol ici ! D’autres thèmes, liés directement au trafic d’armes international, sont bien évidemment abordés : l’appât du gain et l'argent facile (le rôle majeur de l'argent en général), l' enfance « sacrifiée » (à travers bien sûr les enfants soldats, mais aussi les propres enfants d'Orlov complètement délaissés par leur père), les inégalités sociales, l’écologie (d’une certaine manière), la guerre, le totalitarisme, … Lord of War est un film intelligent, réaliste et sensé sur un problème souvent très mal traité (ou peu exploité) au cinéma. Il se contente de faire des constats à travers une étude concrète et quasi scientifique du sujet abordé. Et pour être honnête, on ne peut rien attendre de plus d’un film. Une ambition mesurée qui, comme je le dis souvent, est la marque d’une très grande intelligence. Pour être complet, je terminerai par le générique de début du film (oui, je sais… C’est paradoxal !). Il résume à lui seul le message véhiculé. L’idée de suivre le parcours d’une balle (de sa conception à l’usine à son « utilisation ») est une façon de dire au spectateur : « Le trafic d’armes, c’est ça ! Pas seulement des gens qui s’entretuent, non ! C’est aussi les fabricants d’armes et de munitions, les transporteurs, … C’est un tout. ». Et quand on voit où la fameuse balle du générique finit… Ce générique de début, le meilleur que j’ai vu jusqu’à présent au cinéma, est pour ainsi dire un film dans le film ! Enfin, je tiens à rassurer tout le monde, rappelons quand même que Lord of War est aussi un excellent divertissement (pas mal de scènes d’action très réussies !) avec une B.O. vraiment d’enfer (Portishead, Clapton, Bowie, Buckley, …) ! Ce film en offre pour tous les goûts… Un pur chef-d’œuvre !

13- Dans ses yeux

Dans_ses_yeux

Ne pas oublier de vivre… Le cinéma argentin est à l’heure actuelle l’un de ceux qui proposent régulièrement d’excellents films… J’avais découvert il y a quelques temps Mercano le martien que j’avais aussitôt placé dans mon Top 30 (à l'époque) ! Et là… Grosse claque ! Dans ses yeux (le titre argentin est meilleur: El secreto de sus ojos) est un polar mettant en avant un enquêteur à la retraite (Benjamin Esposito, ayant autrefois travaillé pour un cabinet de magistrats) désireux de se lancer dans l’écriture d’un roman et d’exorciser ses vieux démons en y évoquant une affaire qui le hante depuis toujours et qui ne s’est pas terminée comme il l’aurait souhaité… Il va alors reprendre contact avec sa supérieure de l’époque (Irene Menéndez Hastings), une femme qu’il a aimée et à qui il ne s’est jamais vraiment déclaré, et se replonger dans ses souvenirs (de nombreux et longs flash-backs agrémentent le film)… Et si 25 ans sont passés depuis la "clôture" de cette terrible affaire Morales, Benjamin vit toujours dans cet amour intériorisé pour Irene et ce profond sentiment d’injustice et d’incompréhension concernant le sort du couple Morales… Dans ses yeux parle de justice, d’amour, de vengeance et de la fuite implacable du temps. Programme ambitieux, d’autant plus que le film s’attaque en profondeur à ces thèmes ! S’il défend l’idée d’une justice la plus juste et équitable possible, Dans ses yeux met intelligemment en garde contre l’obsession de la justice qui dérive vite vers le désir ardent de la vengeance… En effet, le personnage principal du film (magistralement interprété par Ricardo Darin, un acteur plus que doué !) est obnubilé par deux choses: la résolution du cas Morales (et l’idée d’une véritable Justice en général) et la pureté du sentiment amoureux… Il est admiratif de ce mari à qui l’on vient d’arracher brutalement sa jeune épouse et qui, chaque jour pendant près d’une année, se rend dans différentes gares des alentours pour guetter la personne qu’il croit être coupable du crime… Mais cet amour pur et puissant va le complexer et presque l’empêcher (en quelque sorte) de se déclarer à celle qu’il aime… Doublement obsédante, cette affaire va à la fois donner un but à sa vie, mais va aussi l’en priver... Cruel paradoxe: il va peu à peu délaisser sa vie et son humanité (alors qu’il n’y a pas plus "humain" que Benjamin !) pour devenir une sorte de "Judge Dredd" et vivre par procuration à travers le personnage du veuf, ressentant exactement la même envie de justice (dans un premier temps), puis de vengeance (dans un second temps, après l’incroyable remise en liberté du coupable dans un contexte politique trouble…)… Morales va d’ailleurs lui faire remarquer qu’il s’agit de SA vie et qu’il gère son deuil comme il l’entend lui (au moment où Benjamin le retrouve 25 ans après pour lui faire lire le premier jet de son roman et évoquer son incompréhension par rapport à la "passivité" de ce dernier…). Difficile de parler de ce film sans spoiler ! La chute finale, aussi grandiose qu’imprévisible (même si quelques indices permettent de la deviner…), va ouvrir les yeux de Benjamin et lui faire comprendre qu’il est enfin temps de vivre et parler sans détour ni artifice d’amour avec celle qu’il aime depuis toujours…Le traitement du thème amoureux dans ce film est très proche de ce qui a été fait dans Les Vestiges du jour (un film exceptionnel sur lequel je reviendrai une autre fois) mais avec beaucoup plus de subtilité et de réalisme (oublié le côté tragédie grecque fataliste…). Le thème de l’amitié est également abordé à travers la relation de confiance et de respect mutuels entre Benjamin et Pablo Sandoval (là encore, magnifique interprétation de Guillermo Francella), son collègue aussi serviable qu’alcoolique… En fait, ce film parle et met en garde contre le principe même de l’obsession et de la passion. Il défend à raison l’idée que ce type de comportement nous empêche de voir clair en les autres, en nous-mêmes, en la vie… Je trouve ça très fort et surtout très rare ! On défend souvent la passion pour ce qu’elle a de démesuré, d’exubérant et de "fascinant"… En fait, c’est une sorte de monstre impossible à dompter qui envenime les choses plus qu’elle ne les arrange ! J’ajouterai également, pour en terminer avec le traitement thématique de cette œuvre, qu’il s’agit là du meilleur film sur le thème de la vengeance que j’ai eu l’occasion de voir jusqu’à maintenant ! Kill Bill, Old Boy, Moby Dick, Daratt, … Oubliez tout ça ! Techniquement, le film est irréprochable (réalisation, B.O., mise en scène, …). Mais trois points forts se dégagent tout de même du lot: la photographie, précise et somptueuse; le montage, subtil et intelligent; et surtout l’interprétation, tout simplement proche de la perfection absolue ! Ce Ricardo Darin est peut-être le meilleur interprète au monde à l’heure où j’écris cette chronique… Impressionnant ! Juan José Campanella livre là un chef d’œuvre (Oscar du meilleur film étranger 2010), futur film culte (ou majeur, comme vous voulez) qui nous dit une chose importante paraissant simple mais à laquelle nous ne pensons pas vraiment: ne pas oublier de vivre !

14- Les Fils de l'homme

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Ne faisant pas la part belle au spectaculaire, Les Fils de l'homme est un film d'anticipation très juste et profond sur les thèmes de l'immigration, du totalitarisme, de la violence inhérente à notre espèce et du mépris de l'enfance et de son avenir par la société actuelle... Quel monde laisse-t-on à nos enfants ? Sous des allures sombres et désespérées, le film essaie de rester positif à l'image de son héros qui tente tant bien que mal de protéger la seule femme enceinte depuis de nombreuses années à une époque où toutes sont devenues stériles ! On est admiratif de cet homme qui a tout perdu (enfant, femme, amis, ...) et qui  malgré tout se bat pour la survie de ce futur enfant, symbole d'Espoir ! A travers ce combat, c'est aussi pour sa propre rédemption qu'il lutte, pour se prouver à lui-même qu'il n'est pas encore mort "intérieurement"... Au fur et à mesure que son périple progresse, il reprend peu à peu confiance en lui... L'Espoir, voilà ce qui tient la volonté de cet homme et le film ! Autre chose: Les Fils de l'homme critique finement ce que j'appelle "le militantisme pour le militantisme" (à travers le groupe des "Poissons"). Cette critique est assez rare (trop rare, selon moi) dans le cinéma actuel et mérite d'être signalée. Techniquement, les points forts de l'oeuvre de Cuaron sont la photographie et la mise en scène (magnifiques plans d'un monde délabré sur le point de basculer dans le chaos total !), la lancinante et inquiétante B.O., l'interprétation (Michael Caine et Clive Owen sont fantastiques !) et bien sûr la réalisation. En définitive, ce film d'Alfonso Cuaron (un réalisateur dont le talent est indéniable) est à la fois le triste et magnifique reflet d'une époque déshumanisée. Mais il faut prendre cette oeuvre intense et crépusculaire comme un signal d'alarme, une bouteille à la mer lancée au spectateur ! Il faut continuer à croire en notre société et se battre jusqu'au bout pour les générations futures ! L'Espoir...

15- V pour Vendetta

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Adaptation d'un comics dont l'auteur est l'illustre Alan Moore (From Hell, Watchmen, La Ligue des Gentlemen Extraordinaires, ...), V pour Vendetta est une oeuvre remarquable et intelligente. L'histoire, inspirée de l'ère Thatcher, nous décrit avec subtilité les rouages d'une dictature et d'un régime totalitaire (contrôle des chaînes d'informations, répression, censure, ...). V, héros mystérieux au masque de Guy Fawkes, a des méthodes de " terroriste ", certes... Il répond à la terreur par la terreur mais sa cause est noble, désintéressée et basée sur l'espoir de voir un jour apparaître un monde meilleur. La fin justifie-t-elle les moyens ? La violence est-elle parfois nécessaire ? La réponse n'est pas évidente... Ce film, tout comme l'oeuvre dont il est inspiré, nous montre l'ambivalence inhérente à l'espèce humaine. Tantôt tendre et amoureux, tantôt vindicatif, vengeur et violent, V réveille en chacun de nous une face trop souvent cachée de notre personnalité... Une face rebelle, critique et qui nous permet de prendre le recul nécessaire quand il le faut et devant tout ce qui va soi-disant "de soi". En tant que spectateur, on est un peu comme le personnage d'Evey Hammond (brillante Natalie Portman): sceptique au départ et conquis à l'arrivée. Mais si V parvient à ses fins, c'est aussi grâce à la relation assez complexe qu'il entretient avec Evey, une relation amoureuse et en même temps de maître à élève. Chacun des deux protagonistes donne de la force à l'autre... La culture et son importance dans le développement de ce que j'appelle le " sens critique " a une place capitale dans le film. En attestent la fameuse " Galerie des Ombres " et le rapport que V entretient avec elle ! Comme le dit si bien Evey à la fin, V est une idée; il est en chacun de nous, il est vous, il est moi... A nous de toujours rester éveillés et de faire comprendre cette idée aux futures générations ! " Liberté ! Toujours ! "...

16- Slumdog Millionaire

Slumdog_Millionaire

Avec Slumdog Millionaire, Danny Boyle oppose la quête amoureuse à celle de l'argent... Son héros, Jamal, ne cesse tout au long du film de chercher et protéger Latika dont il est profondément épris. Et pour la retrouver, il va devoir affronter une société envahie, corrompue et contrôlée par l'argent, présent de façon permanente durant deux heures sous différentes formes et différents vecteurs (les mafias, le jeu télévisé, les petits larcins en bande organisée, ...). Le désintérêt total de Jamal pour les roupies et autres monnaies qui croisent sa route fait de lui un personnage presque irréel, dont la vie n'a de sens qu'à travers ses relations avec autrui. Danny Boyle, avec ce personnage naïf et "bourré" de principes, aborde d'autres thèmes que celui de l'argent: la famille (via les relations avec sa mère et surtout son frère, Salim, qui devient véritablement l'antithèse de Jamal et presque l'incarnation de l'argent corrupteur des âmes au fur et à mesure que le film progresse), l'amour (illustré bien sûr par sa relation avec Latika), les disparités sociales (évoquées par le biais des multiples lieux contrastés que traverse le héros: la misère des bidonvilles, le plateau télé, la gare, les hôtels, ...), l'enfance, l'environnement, la surpopulation, ... Paré d'une magnifique et colorée restitution de l'Inde et d'une euphorisante histoire d'amour, Slumdog Millionaire est un film complet qui se paie l'audace d'aborder en profondeur une multitude de thématiques (dont principalement celle de l'argent et des dérives de l'esprit humain "inspiré" par celui-ci). A noter la remarquable B.O. d'A. R. Rahman qui parcourt les aventures "picaresques" bien rythmées de l'attachant Jamal... Un film fort qui brasse un océan d'émotions ! N.B.: en bonus, un générique de fin très Bollywood des plus jubilatoires !

17- Norway of life

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Amateurs d'humour noir, voici un très grand film fait pour vous! Norway of Life est une curiosité percutante, caustique et captivante sur la corrélation entre l'aseptisation (ou la banalisation) des sentiments et sensations et la place de plus en plus importante faite aux biens matériels dans notre société. L'autre thème fort du film fantastique de Jens Lien est la place inexistante du monde spontané de l'enfance dans cette société d'adultes froids... Aucun bébé, aucun enfant, aucun bruit d'enfant, aucune photo d'enfant, ... Rien (ou presque). Le pauvre Andréas va valser entre la folie, la résignation et la lutte pour retrouver un semblant d'humanité face à une utopie où tout se ressemble, où le sens critique a complètement disparu et où tout le monde est d'accord avec tout le monde (c'est vraiment très bien vu!), où les mauvaises choses et les bonnes choses se confondent pour donner d'insipides et ennuyeuses choses... Ajoutez à ces thèmes puissants une photographie de très grande qualité (le point fort), une musique envoûtante, une interprétation juste et sobre, une mise en scène précise et une réalisation maîtrisée, et vous obtenez un monument du cinéma... Tout "simplement"! REMARQUABLE!!!

18- Good Night, and good luck.

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Voilà un film que chaque journaliste doit voir et méditer ! Avec talent, George Clooney nous montre ce à quoi devrait ressembler le journalisme et parle de liberté d'expression comme peu de monde auparavant. Non dénué d'espoir (au contraire !), ce chef-d'oeuvre est aussi superbe dans son propos que dans sa technique (quel noir et blanc !). Mention spéciale à David Strathairn pour sa remarquable interprétation d'un journaliste engagé contre le Maccarthysme, professionnel et conservant une foi indéfectible en son beau métier. Good Night, and Good Luck nous fait nous interroger sur des choses essentielles comme, entre autres, le contrôle de l'information et sa diffusion, ou encore le rôle et l'engagement de tout un chacun pour une cause. Un film d'utilité publique !

19- Le Labyrinthe de Pan

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Un pur bijou! Comment tenir quand tout va mal autour de vous? Vous pouvez vous battre contre vos adversaires et lutter à la manière de Mercedes... Ou alors, le rêve et la force de l'imagination forment également une bonne échappatoire! Ce sont les armes choisies par Ofelia pour oublier la dictature franquiste et, plus proche d'elle, sa nouvelle vie au côté du redoutable Capitaine Vidal (sa mère s'est remariée avec lui). Pour fuir sa douloureuse réalité, la jeune fille s'invente un monde onirique peuplé d'étranges créatures (un faune, un crapaud géant, un monstre effrayant dont les yeux se situent dans les paumes des mains, ...) et parsemé de dangereuses épreuves à affronter. Bien sûr, on peut également (et légitimement) déguster ce long métrage au premier degré et voir dans tout cela un "simple" film fantastique dans lequel Ofelia vit vraiment toutes ces aventures. Mais j'aime à croire que le rêve est LE vrai thème de l'histoire (avec celui de l'enfance sacrifiée, notamment en temps de guerre)! Le Labyrinthe de Pan est une oeuvre forte mêlant violence, innocence, amour, fatalité, libre-arbitre, courage, réalité et rêverie. La réalisation, la mise en scène, le scénario et l'interprétation (avec un Sergi Lopez monumental!) sont impeccables! Mais les vrais points forts sont ici plus techniques: photographie, musiques et décors donnent une couleur ainsi qu'une somptueuse et inquiétante atmosphère au long métrage de del Toro! En résumé: un conte de fées pour adultes époustouflant de beauté, une vraie fable philosophique et une leçon de vie! A posséder, indéniablement!

20- Dark Crystal

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Dark crystal fait resurgir en moi de très agréables souvenirs d'enfant... Ce chef-d'oeuvre étant le premier film marquant que j'ai vu, je serai bien sûr totalement subjectif! Hommage doit être rendu à Jim Henson (célèbre créateur de "The Muppet Show") et Frank Oz! L'histoire, bien qu'assez classique, dégage une atmosphère empreinte de mélancolie, de tristesse, mais aussi d'espoir. Le bestiaire du film est particulièrement original et Brian Froud (superviseur des effets visuels) a réussi à créer un univers entier. A noter d'ailleurs son remarquable ouvrage "The World of the Dark Crystal", véritable bible de l'univers du film! L'ambiance sonore est magistrale, les actions s'enchaînent sur un bon rythme et l'animation garde une grâce et un réalisme assez incroyables (c'est le premier grand film entièrement tourné avec des marionnettes!). Que ce soit avec des yeux d'enfants ou d'adultes, Dark crystal reste un film d'animation heroic-fantasy culte, au charme indéniable et à l'atmosphère ensorcelante. La thématique du bien et du mal est décortiquée de manière intelligente et est appréhendée dans toute sa complexité (la fin du film est d'ailleurs très bien vue puisque les vils Skeksès / Skeksis et les sages Mystiques / UrRus fusionnent pour donner la race des UrSkeks, jadis divisée). Le bien, le mal, ... Aucun "camp" ne triomphe. ... Et à bien y réfléchir, aucun "camp" ne peut triompher seul! Ils s'intègrent l'un et l'autre pour former un nouveau "camp" supérieur permettant de préserver un certain équilibre! Quel magnifique et subtil message, n'est-ce pas? Rares sont les films proposant une fin aussi peu manichéenne! Bref... Dark Crystal est une oeuvre réfléchie aux senteurs nostalgiques à posséder de toute urgence!

21- Avalon

Avalon

Avec Avalon, Mamoru Oshii a créé un film à la fois beau esthétiquement et intelligent scénaristiquement ! Contrairement à ce que beaucoup de monde croit, le jeu vidéo n’est pas le sujet central… Plutôt que de «ramer» vainement en vous résumant l’intrigue (qui, entre nous, est difficile à saisir…), je préfère vous livrer directement mon interprétation de l’oeuvre: Ash, l'héroïne, part à la recherche de Murphy (son partenaire qui a mystérieusement disparu du jeu). Alors qu'elle s'enfonce de plus en plus loin dans l'exploration de cet univers virtuel, elle va peu à peu se laisser guider par une obsession: découvrir la réalité, la vérité derrière le masque du jeu... Et quand Ash arrive enfin à retrouver Murphy, elle essaie de lui expliquer qu'il faut chercher la réalité et ne pas rester bloqué dans cet univers virtuel... Mais pour Murphy, il n'y a pas la réalité et la virtualité... Il y a plusieurs réalités et c'est à chacun de choisir celle dans laquelle il désire vivre libre. Ash, incapable de comprendre cela car obsédée par son envie de découvrir la réalité, va continuer seule l'exploration du jeu et sa folle quête... Pour moi (chacun est libre de penser ce qu'il veut ^^), Ash est tout simplement une idiote et perd son temps à rechercher la vérité, la réalité ultime... Elle n'a pas compris, contrairement au personnage de Murphy, que la réalité n'est pas une chose tangible et concrète en soi... La réalité n'a de concret et de tangible que ce que chacun d'entre nous peut lui apporter. Il y a presque autant de réalités que de personnes dans notre monde. Et Ash, elle, part à la recherche de sa réalité, qu'elle ne trouvera jamais puisqu'elle croit rechercher un objet concret... Alors que sa réalité, elle aurait pu la trouver en s'interrogeant elle-même et en sondant ses propres désirs. De manière plus synthétique (et pour conclure), je dirais qu’Avalon est un formidable film philosophique qui amène chacun à réfléchir sur le sens à donner à sa vie... Très complexe, cet étrange long métrage a le mérite d'apporter une vraie réflexion sur les concepts délicats de réalité et de recherche du bonheur. Pour le reste, les réfractaires à l’essence profonde d’Avalon pourront se consoler avec les deux gros points forts techniques intimement liés entre eux que sont la photographie et surtout la stupéfiante B.O. de Kenji Kawai ! Et je pense que nous serons tous d’accord au moins sur ce point !

22- Los Olvidados

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Très pessimiste, trop peut-être, Los Olvidados évoque la misère que l'on peut rencontrer dans beaucoup de grandes villes à "double face" comme Johannesburg et Rio de Janeiro (par exemple)... Ici, l'action se passe à Mexico (Buñuel a longtemps vécu au Mexique, sa "terre d'accueil"). Ce film très intelligent met sur un même pied d'égalité souffrances physiques et souffrances morales et explique clairement comment la misère les fait apparaître (pauvreté, alcool, inculture, ... sont autant de pierres à ce triste édifice !). Un peu comme dans Le Tombeau des Lucioles, les premières victimes des inégalités sociales et de la misère sont les enfants (souvent confrontés à un monde peuplé d'adultes malveillants, à l'exception dans le cas présent du personnage du directeur de la ferme-école). Livrés à eux-mêmes, ils n'ont pas d'autre choix que de troquer leur innocence contre la roublardise et la violence pour s'en sortir ! Dès les premières secondes, Los Olvidados capte le spectateur jusqu'au dénouement terriblement tragique et dur, mais terriblement logique... Même si la démonstration de Buñuel est très légèrement appuyée, elle fait mouche et interpelle le peu d'humanité qui reste en chacun de nous. En bref: un film choc nécessaire mais à ne pas mettre entre certaines mains un peu trop naïves.

23- Le Tombeau des Lucioles

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Sur un sujet dur, la souffrance du peuple japonais et les ravages causés par les bombes américaines en 45, Takahata signe un monument du film d'animation! A travers le tragique périple de deux enfants rejetés par tous à un moment où la souffrance et la douleur dominent le Japon, le réalisateur de Goshu le violoncelliste nous montre avec une cruelle justesse de ton les retombées que peut avoir une guerre sur une population civile qui ne demandait rien d'autre que vivre paisiblement... Ce film incroyablement émouvant, devant lequel je n'ai pu retenir mes larmes (à quoi bon, de toute façon!), est un chef d'oeuvre à posséder absolument! Bien sûr, comme beaucoup de films aussi durs à regarder, il ne faut pas abuser des visionnages... De temps à autre, il est utile de le revoir afin de ne pas oublier ce que peuvent encore subir d'autres populations (et notamment les enfants, les premiers " sacrifiés " pendant une guerre...) bien loin de notre confort national...

24- La Nuit du chasseur

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Pourvu d'une photographie remarquable, La Nuit du chasseur est un film magnifique sur le thème essentiel de l'enfance (et son innocence) confrontée au monde violent, malhonnête et décevant des adultes. Même si d'autres thèmes sont abordés à travers l'histoire de ce prêcheur tyrannique pourchassant des enfants pour mettre la main sur l'argent de leur père (famille, religion, dualité homme/femme, vie rurale, ...), ils ne font que graviter autour de celui de l'enfance. Oscillant entre le film noir, le western et l'épouvante, ce long métrage culte emprunte même par instants (et avec un certain bonheur) au fantastique. L'interprétation générale est bonne (Robert Mitchum est quant à lui extraordinaire !), mais ce sont surtout la B.O. et la mise en scène qui constituent les vrais points forts de ce chef-d'oeuvre (outre la photographie, bien entendu). Véritable réussite esthétique (atmosphère aussi inquiétante qu'ensorcelante, jeux d'ombres et de lumières, silences bien placés, ...), le seul et unique film de Charles Laughton est à ranger aux côtés de trois autres monuments évoquant l'innocence de l'enfance: Le Labyrinthe de Pan, Le Tombeau des Lucioles et Los Olvidados.

25- Charlie et la chocolaterie

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Voilà un film qui m'a fait beaucoup réfléchir ! Au début, je ne savais pas comment le prendre... Finalement, après un énième visionnage, je trouve que Charlie et la chocolaterie est tout simplement un chef-d'oeuvre ! Il s'agit d'une véritable ode à la créativité et à la famille que Tim Burton a magnifiée par de somptueux décors, des musiques et chansons géniales (formidables Oompa Loompas !) et des interprètes au diapason (l'excellentissime Johnny Depp en tête). Le film montre avec justesse que la créativité et l'esprit de famille sont deux choses importantes de notre vie qui peuvent s'accorder parfaitement si l'on sait rester ouvert d'esprit et tolérant. A travers la victoire de Charlie sur les autres enfants, il faut bien sûr voir la victoire de l'humilité, de la tolérance et de la gentillesse (trois qualités que l'éducation dispensée à notre jeune héros a permis de développer, une éducation basée sur deux notions fondamentales: l'amour et le partage) sur la gourmandise, l'orgueil, l'envie, l'égoïsme et le mépris. C'est aussi la victoire du rêve, de l'imagination et de la créativité sur les "barrières intellectuelles" que sont les biens matériels comme la nourriture en trop grande quantité, les récompenses, les cadeaux à profusion, la télévision, ... Le personnage de Willy Wonka parvient à s'épanouir peu à peu grâce à sa rencontre avec Charlie qui le pousse finalement à renouer contact avec son père. Là encore, le réalisateur nous révèle toute la puissance communicative du monde des enfants, puissance à laquelle le personnage joué par Depp ne croyait plus trop... Charlie et la chocolaterie est un film plastiquement superbe, abordant des notions simples (mais essentielles) comme l'amour familial, la créativité, le plaisir de partager, et, prouesse des prouesses, c'est un film compréhensible par tous (peut-être un peu plus par les enfants). N'oublions pas que cette oeuvre est tirée du célèbre roman du même nom dont l'auteur est l'illustre Roald Dahl. De la bonne humeur, de l'humour et plein d'émotions à savourer en famille !

26- Hairspray

Hairspray

Une grosse bouffée d’air frais ! … Voilà ce qu’est Hairspray ! Remake du film du même nom de John Waters (qui fait ici une apparition), cette merveilleuse comédie musicale célèbre avec une énergie sidérante la tolérance et le droit à la différence. Nous suivons l’histoire d’une jeune fille ronde douée pour le chant et la danse qui devient du jour au lendemain la star d’un show télévisé très populaire de Baltimore ! Les jalousies et railleries de certaines personnes seront légion mais ne désarmeront jamais sa persévérance ! En faisant de sa blanche héroïne une partisane convaincue et solidaire de l’intégration des noirs afro-américains dans la société américaine du début des années 60 (par ailleurs très bien restituée), John Waters dénonçait clairement le racisme et la ségrégation raciale encore d’actualité à son époque (1988). Mais en reprenant ce film en 2007, Adam Shankman veut dire au spectateur que rien n’est encore joué et qu’il faut encore lutter contre le racisme ! Le sujet reste malheureusement d’actualité et, je le crains, restera toujours d’actualité tant que l’homme sera homme… Le film parle aussi d’enfance, d’éducation et du rôle de "passeur de flambeau" et de transmetteur de savoir des adultes vers les plus jeunes. L’un des dialogues entre les personnages de Christopher Walken (encore et toujours titanesque !) et Nikki Blonsky (LA révélation du film !) illustre bien ce thème. Je parle de celui qui se situe juste après la scène où Mme Turnblad découvre son mari dans les bras de Velma Von Tussle (incarnée par une Michelle Pfeiffer assez inattendue). Outre le scénario de Waters, les deux énormes points forts de ce film sont l’interprétation (outre Nikki Blonsky et Christopher Walken, signalons les très grandes performances de James Marsden, Queen Latifah et, bien sûr, John Travolta dans son costume de plus de 14 kilos ! ! !) et la B.O. de Mark Shaiman (heureusement pour une comédie musicale !). Les costumes et décors ne sont pas en reste non plus et participent à l’euphorie générale qui se dégage de ce film aux allures de gros bonbon acidulé ! Une petite chose avant de conclure: il est à noter que si le film parle bien de respect et de tolérance vis-à-vis des personnes fortes (ou grosses, comme vous voulez), il ne parle pas fondamentalement du problème de l’obésité… Il dit plutôt qu’il faut accepter les personnes telles qu’elles sont et que, contrairement à ce que le commun des mortels peut croire, l’on peut être à la fois gros et heureux (cela paraît une idée simple à saisir mais je ne suis pas sûr que beaucoup de monde puisse comprendre cela…). Bref… Un grand bravo à Adam Shankman pour ce film que beaucoup qualifieront de naïf et qui pour moi est frais, stimulant, intelligent et sensible ! Une des rares comédies musicales à mériter le titre de chef-d’œuvre incontournable !

27- Blade Runner

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Blade Runner est un film qui parle de la perte de contrôle progressive de l'homme sur son environnement. En effet, le background de l'oeuvre est tout aussi intéressant (si ce n'est plus) que l'histoire principale elle-même. Et ce background nous montre une ville surpeuplée, insalubre, sombre en permanence, bref une ville qui a échappé au contrôle de l'homme... Pour avoir un semblant de contrôle sur son univers, l'homme s'est perdu dans la création de machines, de cyborgs... L'illusion du contrôle par la création à outrance, voilà ce que Blade Runner illustre à merveille. Il s'agit bel et bien d'un film à caractère écologique et très humaniste. L'histoire de la traque des réplicants par Deckard et toutes les intrigues secondaires qui en découlent (histoire d'amour entre Rachael et lui, ...) sont magnifiquement mises en scène, filmées, interprétées et mises en musique (énorme Vangelis !). Deckard et ses "proies" se ressemblent parfaitement dans la mesure où toutes et tous se sentent perdus, seuls et égarés dans cette ville inhospitalière et froide. Tâchons de bien comprendre cette leçon d'humanité (un peu nébuleuse dans le propos par moments, il est vrai) donnée par les surprenants cyborgs de Ridley Scott et Philip K. Dick (Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques ? / Do Androids Dream Of Electric Sheep ?).

28- Brazil

Brazil

Brazil met en scène un héros qui ne supporte plus sa condition de petit fonctionnaire prisonnier du système et qui va peu à peu tenter d'échapper à son contrôle... Cette oeuvre forte de Terry Gilliam est un grand film satirique sur la déshumanisation de la société moderne telle que nous la connaissons. La thématique du rêve comme moyen de se libérer et d'échapper au contrôle pesant d'une "puissance supérieure" est omniprésente et me rappelle un peu en cela le film de del Toro, Le Labyrinthe de Pan. Brazil est une fable magnifique sur la liberté, croisement étrange entre V pour Vendetta, Le Labyrinthe de Pan, Blade Runner et Total Recall. Ce véritable pamphlet nous interroge sur notre propre conception de la liberté: quand serons-nous vraiment libres ? La société, telle qu'elle est conçue (obligations administratives, travail, ...), permet-elle vraiment à n'importe lequel d'entre nous d'avoir un minimum de libre arbitre ? En fait, connaissons-nous autre chose que la simple et triste illusion de la liberté ? Esthétiquement, ce long métrage est magnifique. La musique, l'interprétation, le scénario, tout y est magistral ! Bien que très difficile à cerner du premier coup, ce film visionnaire est indispensable à l'éveil de chacun... Culte !

29- Nous nous sommes tant aimés!

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C'eravamo tanto amati est un film à la réalisation et à la mise en scène soignées, variées, originales (césure noir et blanc / couleur pour différencier les époques, monologues introspectifs en direction du spectateur lui-même, ...) et maîtrisées. C'est indéniable ! Ettore Scola n'a pas volé son César du meilleur film étranger (1977). Il propose une oeuvre remarquable sur la désillusion des hommes face à leurs attentes, leurs espoirs et leurs ambitions presque réduits à néant par les jeux de l'amour, du hasard et du temps. Dans ce film, les quatre personnages principaux se croisent, se perdent de vue, se croisent à nouveau, évoluent mentalement et physiquement, mais presque tous ont perdu leurs idéaux de justice et de paix sociale... Ou s'ils ne les ont pas perdus, ces idéaux se sont en tout cas bien usés avec les ravages du temps et des rencontres sentimentalement délicates à gérer pour nos "héros". Il n'y a guère qu'Antonio et Luciana qui s'en sortent convenablement et arrivent grâce à l'amour à vivre une existence à peu près conforme à leurs désirs (du moins en apparence). Mais l'amour est aussi très destructeur dans le film de Scola. Nicola est tiraillé entre ses principes idéologico-culturels et son amour pour sa famille, et Gianni s'est laissé dévorer par l'ambition pour se vider peu à peu de ses sentiments d'amour et d'amitié et finir comme une coquille vide. Et bien que Gianni soit socialement le mieux intégré de tous, c'est lui qui, de loin, est le plus malheureux... Ce film est aussi un bel hommage aux réalisateurs italiens et à leur cinéma. Et plus globalement, c'est le Cinéma dans son ensemble qui est décrit ici avec une extrême lucidité. Quant à l'interprétation, elle est superbe (Vittorio Gassman et la très belle Stefania Sandrelli en tête) ! En résumé: un film très complexe à appréhender, à interpréter et à analyser, mais un film d'une force rare. Scola joue les sociologues à merveille ! Et puis quelle B.O. d'Armando Trovajoli !

30- Family life

Family_life

Ken Loach nous offre un magnifique plaidoyer pour un monde moins conformiste et plus tolérant vis-à-vis de ce qui n'est pas "normal" pour la société "bien-pensante". Dans son Family life, les deux concepts de liberté et normalité s'entrecroisent et s'interpénètrent subtilement. Le message a le mérite d'être clair: respecter les désirs et la personnalité de chacun, même si cela sort des sentiers battus. Et cela s'applique également à soi-même: il est tout aussi important de respecter ses propres désirs et sa personnalité. Sinon comment être tolérant avec autrui quand on ne l'est déjà pas avec soi-même ? L'héroïne du film (intensément interprétée par Sandy Ratcliff), jugée folle par ses proches et la société car différente, sombre vraiment peu à peu dans la folie au fur et à mesure que la vie familiale et la société accentuent leur pression sur elle (n'oublions pas que sa famille la force à avorter)... Même si, par moments et jusqu'à la fin du film (incroyable scène de l'amphithéâtre !), on se demande si elle a réellement sombré dans la folie et si elle est consciente de ce qui lui arrive... Le seul reproche que je ferai au film est sa noirceur, un peu trop présente. Du coup, l'ensemble donne l'impression de manquer très légèrement de réalisme et de nuance... Malgré cela, nous avons là un film intelligent et très bien construit qui traite de nombreux thèmes importants (place de la femme dans la société britannique, inhumanité des méthodes employées par les hôpitaux psychiatriques, sexualité, avortement, exclusion, liberté, anticonformisme, amour, courage d'agir, ...). Poignant !

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Le cinéma d'Arkelios
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