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13 mai 2011

Daratt - saison sèche - (de Mahamat Saleh Haroun)

Daratt - saison sèche -

Daratt

Daratt est un diamant brut. Il aurait fallu le polir davantage pour le rendre plus beau, pour lui donner une apparence plus travaillée (deux points d’ordre "technique" sont tout de même très positifs: la photographie, qui met en valeur la beauté du continent africain, et l’interprétation, sobre et juste)… Mais, en même temps, le faire aurait été un sacrilège ! Car tout l’intérêt de ce film est dans son aspect "sauvage" (dans le bon sens du terme, bien sûr). Atim, un adolescent tchadien, se voit confier une mission par son grand-père: retrouver l’assassin de son père et le tuer ! Depuis son village dans le désert jusqu’à N’Djaména (la capitale du Tchad), Atim rumine et prépare sa vengeance… Il retrouve très rapidement la trace de cet ancien criminel de guerre et découvre qu’il mène à présent une vie paisible et rangée, partagée entre sa famille et sa boulangerie. Pour s’approcher du meurtrier de son père, le jeune homme se fait embaucher comme apprenti boulanger… La suite ! La suite ! Pour connaître la suite de l’histoire, je vous invite fortement à regarder ce magnifique film ! D’abord, Daratt se passe dans un pays, le Tchad, dotée d’une Histoire forte (nombreuses guerres civiles entrecoupées de "cessez-le-feu"). Et si le contexte historique de l’œuvre nous plonge dans une période de "trêve", c’est pour mieux nous poser cette question: comment retrouver une vie "normale" avec son ennemi (vivre à nouveau en société avec lui) après une période de guerre civile ? Une autre question me vient tout de suite à l’esprit: comment des gens comme nous, loin de ces problèmes, pouvons répondre à cette question ? Réponse : on ne peut pas… Mais on applaudit la démarche qui conduit cette œuvre à poser une question d’ordre philosophique à partir d’une situation historique concrète ! L’autre sujet qui découle de cette première interrogation est celui du pardon… Attention, spoiler ! Atim va peu à peu apprendre à pardonner au meurtrier de son père en le côtoyant. La rédemption de Nassara, sa "cible", va conduire notre jeune héros vers sa propre rédemption ! Son désir de vengeance va se briser contre la sagesse de ce criminel repenti qui va apparaître aux yeux d'Atim comme une victime essayant tant bien que mal d’oublier la guerre. C’est grâce à cette nouvelle facette d’un homme qu’il ne connaissait pas (il le fantasmait comme un guerrier sanguinaire, "endoctriné" par son grand-père) qu’Atim va véritablement comprendre toute la complexité de la guerre… Il n’y a pas les méchants et les gentils ! Non… Il y a des hommes qui ont été dépossédés de leurs vies pour être envoyés au front (par une petite poignée de fous) et qui tuent d’autres hommes qui leurs ressemblent en tout point ! C’est ça la guerre, aussi absurde que véridique ! Si les thèmes du pardon et de la guerre (abordés de pair) sont importants, n’oublions pas deux autres thèmes essentiels: le passage de la jeunesse à l’âge adulte et le retour à la terre. Eux aussi sont traités de pair. Si Atim découvre les vrais visages de la guerre, de la rédemption et de la sagesse à travers Nassara, il va aussi découvrir en lui un père de substitution qui va remplacer ce "mort" qu’il n’a jamais connu… Et grâce à cette figure paternelle, Atim va pouvoir avancer sur le chemin de la vie ! Jusqu’ici, il avait été élevé pour être le bras armé de la vengeance nourrie par son grand-père. Avec Nassara, il va découvrir la vie en société (le respect des règles, …), les vertus du travail (à travers son apprentissage de la boulangerie), … Et c’est là que le lien se fait: la boulangerie est décrite, à juste titre, comme un art noble défendant l’idée plus qu’intéressante que le travail de la terre est une échappatoire à la souffrance morale et physique. Il permet de se recentrer sur soi-même et les vraies priorités de la vie d’un homme ! La rédemption et la paix par la boulangerie… J’en vois certains sourire… Pourtant, j’adore cette idée et je la trouve pleine de bon sens ! Si Atim ne commet pas l’irréparable, c’est parce qu’il a compris que la vengeance n’est pas la voie à suivre pour vivre harmonieusement, en paix avec soi-même. Le peu d’éducation dispensée par Nassara lui a ouvert les yeux sur la vérité de la vie: penser à son bien-être pour pouvoir comprendre et aimer autrui. Alors d’accord… Je concède que notre ami Atim passe un peu vite du désir de vengeance au désir de pardon. Mais ce que Daratt perd en réalisme par cette "démonstration accélérée", il le gagne en humanité et en espoir ! Le pardon est possible pourvu que l’on sache écouter et voir, tout simplement. Et ça, nous pouvons toutes et tous le faire !

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Commentaires
A
Coucou!<br /> <br /> Bon début de semaine à toi aussi!<br /> <br /> Biz, Gianni
D
Bon début de semaine.<br /> Bisoux
A
Bonsoir Méline!<br /> <br /> C'est ça d'avoir un emploi du temps de ministre! ;-)<br /> <br /> Allez, je te souhaite une très bonne nuit (il est pratiquement minuit!)!<br /> <br /> Biz, Gianni
M
Bonsoir mon très cher Gianni <br /> J'ai adoré ,et si j'ai la ,possibilité de le voir je n'y manquerai pas <br /> J’ai été absente hier toute la journée et je suis rentreé très très tard ! <br /> Bonne fin de dimanche avec de gros bisous<br /> Méline
A
Salut Dom!<br /> <br /> C'est une question de sensibilité, je le conçois... Ce n'est pas exactement "Si on te donne une gifle, tends l'autre joue."... Il n'y a pas de soumission chez l'offensé. Atim a une vraie volonté de se venger et ce pratiquement jusqu'à la fin du film! Mais il va découvrir une autre voie, celle du dialogue, du pardon et de la sagesse... S'il avait "rendu sa gifle", c'est surtout à lui-même qu'il aurait fait le plus de mal! Il aurait perdu le peu d'humanité qu'il avait... Sa décision est d'autant plus courageuse que c'est Nassara, le bourreau de son père, qui lui a donné cette petite part d'humanité! Quelque part, c'est assez "cruel", en effet... Mais le geste final d'Atim est d'une profonde humanité qui force le respect... Je ne vois pas le héros du film comme quelqu'un de soumis... Je le trouve plutôt courageux... Surtout pour un ado!<br /> <br /> Très bon dimanche! Biz, Gianni
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