Mer amère - Nimmermeer - (de Toke Constantin Hebbeln)
Restons encore un peu dans le moyen métrage avec une réalisation allemande aussi rare qu’inspirée: Nimmermeer… Ce qui signifie en français Jamais plus ou Plus jamais (comme vous voulez). Mais la traduction choisie fut Mer amère… Une judicieuse traduction, pour une fois ! D’une part, elle se rapproche euphoniquement du titre original et d’autre part, elle respecte l’atmosphère et l’intrigue du film. Fortement influencé par les très longs métrages nordiques Pelle le conquérant (de Bille August) et Fanny et Alexandre (d’Ingmar Bergman), Nimmermeer raconte l’histoire d’un enfant confronté bien jeune au monde brutal des adultes. Jonas et son père, Helge, vivent dans un petit village de pêcheurs qui se situe sur le littoral de la Mer du Nord. Très pauvres, ils sont pourtant très heureux ensemble et s’aiment énormément. Le père, pêcheur très respecté dans sa communauté, raconte souvent des histoires fantastiques à son fils qui se met alors à rêver… Mais Helge décède brusquement et Jonas se retrouve orphelin du jour au lendemain. Les autres pêcheurs du village ne se souciant guère de sa situation, c’est le pasteur qui décide finalement de l’emmener chez lui… Pour le plus grand malheur de Jonas ! Tyrannique, exigeant une discipline et une soumission sans faille de la part de l’enfant, cet homme ne se révèle pas aussi doux et aimant que son défunt père et ne partage pas les mêmes valeurs de respect, de tolérance, de travail et d’amour qui sont autant d’héritages auxquels Jonas tient absolument ! Comme ces merveilleuses histoires que lui racontait Helge, d’ailleurs. Désespéré, le jeune enfant rencontre un jour Grido, un nain magicien qui travaille dans un cirque itinérant et qui va lui redonner le goût de vivre et de sourire en lui narrant de fabuleuses histoires et aventures féeriques ! Plus qu’un nouveau père, Grido va devenir un guide pour Jonas et lui entrouvrir la porte d’un univers magique… L’œuvre de Toke Constantin Hebbeln traite d’un de mes thèmes préférés: le pouvoir du rêve et son impact positif sur la réalité. Comme dans Le Labyrinthe de Pan et Brazil, seul le rêve peut redonner de la force et de l’espoir quand tout va mal autour de soi. Et c’est parfois cette force immatérielle qui peut permettre à n’importe lequel (ou laquelle) d’entre nous de déplacer des montagnes colossales ! J’en suis intimement convaincu ! L’enfance (sa relation au monde des adultes et le "passage" de l'un à l'autre) est le deuxième grand sujet du film. L’idée que l’adulte doit guider et respecter l’enfant comme son égal et même plus (puisqu’il s’agit de son avenir) est implicitement martelée tout au long du film. Bien sûr, les thématiques de l'éducation, de la famille, de la paternité et de l’amour sont également présentes, étant directement liées à celle de l’enfance. La mort et le deuil sont aussi abordés (normal au regard du scénario) mais le traitement reste assez classique dans son ensemble. D’un point de vue technique, les "bons points" sont nombreux: une B.O. ensorcelante et mélancolique (un très grand BRAVO à Martina Eisenreich pour son travail), une photographie parfaite (pour vous dire, je n’ai pas encore trouvé mieux dans ce domaine… Ce "mélange" de sépia, de bleu, de noir et de beige... Même le remarquable Avalon est un cran en-dessous !), une excellente interprétation (Manni Laudenbach, qui interprète Grido, est prodigieux et son élocution capterait même l'auditoire le plus dissipé !) et une réalisation maîtrisée. On comprend mieux les nombreux prix obtenus par ce chef-d’œuvre méconnu, notamment le prestigieux Foreign Film Award des Student Academy Awards 2007 (l’Oscar du meilleur film d’étudiant étranger, en gros). Sensible, émouvant, poétique, beau, profondément intelligent et s'adressant aussi bien aux adultes qu'aux enfants (et oui !), Mer amère n’a qu’un seul défaut: celui de ne passer que trop rarement à la télévision ! Oscillant entre conte fantastico-philosophique et fable socio-familiale, ce moyen métrage ambitieux n’était pas loin de figurer en bonne place dans mon Top 30 mais demeure malgré cela mon film préféré dans ce format si particulier dont il est l’un des dignes représentants ! A voir absolument ! ! ! N.B.: et cette affiche... N'est-elle pas magnifique ?
Petit bonus: vous trouverez ci-dessous un lien Internet vers la B.O. du film… Régalez-vous !
B.O. de Mer amère - Nimmermeer - sur Deezer
Pour ceux qui souhaitent lire d'autres chroniques du film Mer amère - Nimmermeer (dont la mienne traduite en anglais... Ne vous moquez pas ! ^^), cliquez sur le lien suivant :
Chroniques du film Mer amère - Nimmermeer (de Toke Constantin Hebbeln) sur IMDb