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Le cinéma d'Arkelios
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11 avril 2011

Hommage à un immense réalisateur: Sidney Lumet (4 films)

Mort il y a deux jours à l'âge de 86 ans, Sidney Lumet laisse derrière lui une oeuvre très engagée sur le plan social. Ses thèmes de prédilection étaient la justice, le système policier et la télévision et son caractère plus qu'invasif dans la vie quotidienne du peuple. L'influence du théâtre sur son oeuvre est omniprésente, notamment à travers sa manière de filmer. Sans oublier les nombreuses adaptations de pièces célèbres, comme par exemple La Mouette (de Tchekhov). La filmographie de cet homme montre une grande humanité et un caractère "rebelle" resté intact jusqu'au bout (malgré une fin de carrière inégale). C'est grâce à de tels réalisateurs engagés que le cinéma a une raison d'être ! Merci, donc, à Sidney Lumet pour avoir écrit parmi les plus belles pages de l'histoire du septième art, des pages sombres, certes, mais dans lesquelles l'espoir a toujours sa place !

Le Verdict

Le_Verdict

Voici mon film préféré de Sidney Lumet ! Mais le réalisateur n’est pas seul responsable de mon engouement pour cette magnifique œuvre… La "faute" en revient également et surtout à Paul Newman et son incroyable performance d’acteur sur laquelle je reviendrai ci-après. Le Verdict met en scène un avocat tombé dans l’alcool (suite à une accusation qui a brisé sa carrière) qui va avoir la chance de revenir sur le devant de la scène grâce à une sombre affaire d’erreur médicale… Si l’on retrouve une fois de plus le thème de la justice (et ses nombreux et nébuleux rouages) si cher à Lumet, c’est ici l’histoire personnelle d’un homme embrassant sa rédemption qui fascine. Brisé par l’alcool et la peur d’ "affronter" le monde extérieur après toutes ces années de solitude (on peut même parler d’"exil"), Frank Galvin va tout faire pour combattre cette situation qu’il n’a pas choisi au départ mais dans laquelle il s’est complu depuis. Et c’est en comprenant et en acceptant ce dernier point qu’il va pouvoir réellement accomplir pleinement sa rédemption et son retour à la vie ! Pour interpréter un rôle aussi délicat (non seulement le personnage est difficile à jouer, mais en plus le film repose entièrement sur lui !), il fallait un acteur de haut vol… Paul Newman livre là une performance presque sans égal dans l’histoire du cinéma ! Il arrive à faire ressentir au spectateur tout le lourd passé de Frank (c’est comme si on le connaissait depuis des années !) et toute la complexité d’un personnage partagé entre l’envie de s’en sortir et l’envie de tout laisser tomber et s’autodétruire. On a l’impression que cet avocat, enthousiaste de retrouver le goût de la justice, peut à tout moment retomber dans l’enfermement et l’alcool… Interpréter un personnage sur le fil du rasoir n’est pas donné à tout le monde ! Les gestes sont minutieusement pesés, les attitudes très travaillées, la voix (originale, celle de Newman) posée et placée à la perfection, … Si Le Verdict n’est pas mon film préféré, il contient cependant la meilleure performance réalisée par un acteur (selon moi) ! Pour accompagner Newman, saluons également les très grandes compositions de Charlotte Rampling et Jack Warden (un acteur fétiche de Lumet, le célèbre juré n°7 de 12 hommes en colère !). Outre la réalisation, la mise en scène et l’interprétation, l’autre grand point fort de ce polar est la photographie. Elle confère une ambiance digne des meilleurs films noirs des années 50 ! L’ombre de Raymond Chandler plane sur ce film ! Sidney Lumet livre là un film sombre mais plein d’espoir, un film prônant la vraie justice, un film qui offre au septième art l’un de ses héros les plus humains, délicieusement tourmenté et imparfait. Un vrai régal de cinéphile ! 

Serpico

Serpico

Serpico met en valeur deux thèmes chers au réalisateur récemment disparu: la justice et le "système" policier. Le film raconte l’histoire vraie de Frank Serpico, policier de New York qui s’est lancé en solitaire dans une croisade contre la corruption au sein des forces de l’ordre de la ville… Pendant de très nombreuses années, et malgré les rapports tendus à l’extrême entre lui et ses collègues, il va aller jusqu’au bout de son combat pour une police honnête et servant l’intérêt d’autrui avant tout ! Al Pacino incarne avec brio ce policier aux méthodes peu communes qui a la particularité de se mêler à la population (à travers sa façon de se vêtir, …) pour mieux faire son travail et infiltrer plus facilement les milieux qu’il surveille. Sidney Lumet montre à travers le biopic de ce flic de terrain combien un tel combat pour la vérité et la justice peut être terriblement pénible au quotidien ! En plus des problèmes relationnels avec ses "collègues", Serpico voit sa vie privée se "liquéfier" peu à peu… A la fin, malgré la reconnaissance de sa cause par ses pairs, il quitta définitivement la police… Probablement fatigué par cette longue quête (car il s’agit bien de cela) durant laquelle les soutiens se sont faits rares. Cette quête, bien qu’altruiste avant tout, était également très personnelle pour Serpico (et le film montre bien cela !). Pour lui personnellement, il s’agissait de tester sa volonté et la valeur de son intégrité. Il aurait pu fermer les yeux mais il se serait rendu complice de ce qu’il voyait… Et ça, cela aurait été intolérable pour cet honnête homme ! Il a choisi la voie la plus difficile, celle du courage de ses opinions, celle que majoritairement les hommes n’empruntent pas ! Serpico est un magnifique biopic sur le courage d’agir et l’abnégation, sur le refus de céder à la peur et sur la recherche de la justice et de la vérité. Mais la force de conviction et l’intransigeance d’un tel héros sont aussi admirables qu’effrayantes à regarder. Du coup, la force presque "machinale" de Serpico laisse un peu perplexe et ne permet pas au spectateur lambda de se rapprocher facilement du personnage (pourtant très juste et bon humainement)… Bien que Lumet montre parfaitement la destruction progressive de la vie privée de son protagoniste, il manque un je-ne-sais-quoi pour le rendre aussi "humain" et accessible qu’un Alex Nordmann (le "héros" du film L’Homme qui tua la peur, réalisé par Martin Ritt). Ce je-ne-sais-quoi, c’est peut-être tout simplement un défaut, un point faible… Même si le vrai Frank Serpico était aussi impressionnant et fort que le personnage interprété par Pacino (et je n’en doute pas !), Lumet aurait peut-être dû l’"humaniser" davantage dans son film… Mais il s’agit là d’un avis bien personnel. Je ne pinaillerai pas plus sur ce chef-d’œuvre incontournable du cinéma que je vous conseille vivement de voir au moins une fois et qui n’est pas totalement dénué d’espoir. Du grand art !

Un après-midi de chien

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Al Pacino peut dire merci à Sidney Lumet ! Avec ces deux énormes films que sont Serpico et surtout Un après-midi de chien, il aura eu l’occasion de jouer deux personnages hors norme, deux rôles de composition que n’importe quel acteur rêverait d’incarner ! Ce braquage "orchestré" par deux petits gangsters qui se retrouvent très rapidement encerclés par les forces de l’ordre restera dans les mémoires. Que de thèmes abordés dans cette simple histoire (inspirée d’un fait réel)… Déjà, il faut accorder beaucoup de courage à Lumet et Pacino pour mettre en scène et interpréter un personnage ouvertement homosexuel au cinéma à l’époque où Harvey Milk se battait encore pour faire reconnaître des droits à cette communauté longtemps dénigrée aux Etats-Unis (et un peu partout dans le monde, d’ailleurs) ! Le sujet est traité finement et avec une sensibilité peu commune, exposant une vraie et belle histoire d’amour entre Sonny et Leon. Le film parle également de la réinsertion des soldats de la guerre du Vietnam dans la vie civile… Ou plutôt du manque de réinsertion dans la vie civile ! Combien de morts cette guerre a-t-elle fait bien après sa fin officielle ? Rien n’avait vraiment été prévu pour le retour de tous ces pauvres traumatisés… Et Un après-midi de chien est un parfait témoin de cette époque cruelle ! On retrouve également la thématique du (dys)fonctionnement de la police, un classique chez Lumet ! La police use de moyens impressionnants et démesurés pour mettre hors d’état de nuire deux petits voyous aux allures de victimes plus que de tueurs ! Le dialogue, pourtant abondant entre les deux camps, n’est jamais honnête… La société américaine ne sachant pas résoudre la plupart de ses conflits dans l’échange et la réflexion, la répression reste la solution de facilité d’une société qui délaisse les marginaux et tous ceux qui ne restent pas dans le "droit chemin" ! Enfin, pour être complet, Un après-midi de chien accable la télévision, le concept de "peoplisation" et le sensationnalisme malsain ! Pour preuve l’excellente scène où Sonny parle en direct à la télévision et se fait manipuler par le présentateur. Un grand bravo à Sidney Lumet pour sa réalisation et sa mise en scène et à Al Pacino et Chris Sarandon pour leur jeu d’acteur respectif ! Du vrai cinéma social qui fait de ce film l’un des plus grands témoignages de son époque, les années 70 !

12 hommes en colère

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Film culte du défunt réalisateur, 12 hommes en colère est un vibrant plaidoyer pour une justice équitable et impartiale envers tous les hommes. Ce huis-clos narre l’histoire de douze jurés devant statuer sur le sort d’un jeune homme accusé de parricide (seule l’unanimité des voix pouvant le juger coupable et l’envoyer à une mort certaine). Alors que onze membres du jury le pensent coupable et espèrent que la décision ne sera pas trop longue à prendre (chacun désirant vaquer à ses occupations au plus vite), un homme éprouvant de très gros doutes sur la responsabilité de l’accusé dans ce meurtre va se dresser contre tous. Même s’il n’est pas totalement convaincu de la non culpabilité du garçon, le juré n°8 se refuse à prendre la moindre décision à la légère estimant que la vie d’un homme mérite le temps de la réflexion et que seules des certitudes avérées doivent le laisser à son triste sort. Il va tenter de persuader ses "collègues" (pour la plupart peu intéressés par le sort de l’accusé) du bien fondé de sa décision et de sa conception de la justice… Si le film prône clairement une justice objective basée sur une analyse minutieuse des faits et des preuves, il sous-entend également que la peine de mort est une sentence lourde qui ne doit pas être banalisée dans l’esprit des gens. Elle engage la vie d’un homme. 12 hommes en colère ne se pose pas contre la peine de mort mais affiche une réelle volonté de faire comprendre au spectateur que cette décision de tuer quelqu’un doit être extrêmement bien pesée à chaque fois qu’elle est "en jeu". La présomption d’innocence… Vaste et délicat débat ! Plus qu’il n’y paraît et que les gens ne veulent bien l’admettre… Encore maintenant ! C’est pourquoi le film de Sidney Lumet reste profondément d’actualité et mérite toute votre attention ! Techniquement, la qualité du film réside dans l’interprétation (Henry Fonda est excellent, comme d’habitude, mais tous les autres sont également très forts ! … Je pense notamment à Jack Warden et son match de baseball…), dans la réalisation et la mise en scène (l’influence du théâtre, art cher au cœur du réalisateur, est ici évidente ! Notamment dans la superbe scène où le juré n°10 tente de convaincre pitoyablement les autres jurés de la culpabilité de l’accusé alors que ces derniers se lèvent et/ou détournent leurs regards…) ainsi que dans la B.O. (qui participe subtilement à l’atmosphère oppressante de ce huis-clos). Un film culte qui s'interroge philosophiquement sur la notion même de jugement (comment juger ? Qui peut le faire ? Est-ce tout simplement faisable ?) et mérite sa place dans le panthéon du cinéma ! Une belle humanité que nous devons toutes et tous méditer !

EN SAVOIR PLUS:

Pour ceux qui désirent en savoir plus sur la vie et la formidable oeuvre de Sidney Lumet, vous pouvez visiter les deux pages Internet ci-dessous:

Sidney Lumet - Comme au Cinéma

Sidney Lumet - Wikipédia

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Commentaires
A
Salut Pierre!<br /> <br /> Entièrement d'accord avec toi! Et je vous invite toutes et tous à découvrir également tous ses autres films! Je n'ai parlé que de ces quatre là car ils me semblent majeurs dans sa filmographie.<br /> <br /> Bonne journée!<br /> <br /> Gianni
A
Coucou Mél!<br /> <br /> Je te souhaite également une excellente journée!<br /> <br /> Biz, Gianni
P
On ne peut que s incliner,merci M Lumet pour ces grands films que vous nous avez donner la joie de voir.
M
Bonjour très cher Gianni <br /> Je rentre et je viens te souhaiter une excellente journée<br /> Gros bisous <br /> Méline
A
Coucou Dom!<br /> <br /> Bon mercredi à toi aussi!<br /> <br /> Biz, Gianni
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