La Porte des secrets (de Iain Softley)
Le vaudou… Un thème qui m’a toujours fasciné, je ne saurais dire pourquoi. Quand j’entends vaudou, je pense gumbo, poulet, Louisiane, cérémonies, religion, folklore, Baron Samedi, blues, transes, … Sur un plan plus cinéphilique, seuls deux films me viennent à l’esprit: Angel Heart et… La Porte des secrets ! La réputation du premier n’est plus à faire mais le second… Le second film, dont il est question aujourd’hui, a souffert et souffre encore de critiques «presse» assez injustes dans l’ensemble. Pourquoi ? Aucune idée ! Car La Porte des secrets a tout de l’excellent thriller à la fois fantastique et d’épouvante ! Caroline, une jeune infirmière, est engagée par une certaine Violet Devereaux pour s’occuper de son mari grabataire Ben à leur domicile. Tous deux habitent une ancienne grande propriété défraîchie typique de la Louisiane et ses bayous. Le courant passe d’abord assez mal entre Caroline et Violet mais les deux femmes vont peu à peu apprendre à faire connaissance et à vivre ensemble, notamment par l’entremise de Luke, l’avocat de la vieille dame. Cependant, le comportement troublant de Ben et les nombreux mystères entourant son accident dans le grenier de cette étrange bâtisse vont pousser l’intrépide Caroline à entreprendre quelques investigations. A l’aide d’une clé passe-partout remise par la maîtresse des lieux, elle va découvrir une pièce secrète dans le grenier qui servait autrefois de lieu de culte hoodoo (une sorte de vaudou, pour faire simple… Désolé pour les puristes ! ^^). Ce «temple» était le repère d’un couple de domestiques travaillant à l’époque pour une riche famille: le prédicateur Papa Justify et sa femme Mama Cecile. Justify et sa bien-aimée concoctaient d’étranges sortilèges: ils cherchaient apparemment un moyen de braver la mort et faire en sorte que leur amour dure l’éternité… Que de points forts ! Nous avons là une œuvre bien documentée en matière de vaudou et surtout d’hoodoo (à ne pas confondre, voir les deux liens Wikipédia précédents), une interprétation d’exception (avec la fabuleuse Gena Rowlands et le toujours très talentueux John Hurt), une B.O. d’enfer (surtout pour celui qui aime le blues ^^) ainsi qu’une mise en scène et une réalisation des plus solides. Mais l’ambiance et surtout le scénario sont assurément les deux éléments les plus soignés ! Concernant ce dernier, il réserve une surprise finale de taille qui, rétrospectivement, donne une autre lecture des scènes du film et impose ainsi un second visionnage qui permet de prendre encore plus de plaisir… Chose très rare dans le domaine du septième art ! Rien à voir avec les «grosses ficelles» de Shyamalan. Malgré une ébauche de réflexion sur les thèmes du temps, de la foi (religieuse et en certaines croyances) et de l'obsession, La Porte des secrets reste avant tout un délicieux divertissement à l’atmosphère savamment travaillée, poisseux, glauque et angoissant à souhait ! Si vous arrivez à passer outre le rythme un peu lent sur lequel s’enchainent les actions, vous prendrez alors beaucoup de plaisir à suivre l’enquête de cette brave Caroline !