L'Evangile selon Saint Matthieu (de Pier Paolo Pasolini)

L'Evangile selon Saint Matthieu

Une des rares œuvres ayant un peu réussi à me convaincre que la religion chrétienne et l’amour sont intimement liés est ce célèbre film en noir et blanc de Pier Paolo Pasolini: L’Evangile selon Saint Matthieu. Quand on sait que cet étrange réalisateur italien était athée, cela a de quoi surprendre ! Inutile ici de raconter l’histoire du film. Je vous renvoie à l’article Wikipédia sur L’Evangile selon Saint Matthieu. Mais pour résumer grossièrement, les étapes essentielles sont à peu près toutes respectées: l’Annonciation, la naissance de Jésus, la fuite en Egypte, les différents miracles, la mort de Jésus et la Résurrection. Concernant les miracles, il convient de préciser que Pasolini ne les a pas tous portés à l’écran. Mais on retrouve les épisodes emblématiques de la marche sur l’eau et la multiplication des pains. Ce qui a le plus marqué l’agnostique que je suis lors de mon premier visionnage est sans conteste la sobriété générale du film. Les miracles et apparitions angéliques sont traités sans fard alors que certaines scènes auraient pu être visuellement plus impressionnantes (je pense à la marche sur l’eau). Il y a là une nette volonté de la part du réalisateur de désacraliser le récit originel et de le rendre le plus accessible possible, à la manière d’un documentaire (n’ayons pas peur des mots). La parole est en fait l’élément clé de cet Evangile selon Saint Matthieu. Sa mise en valeur au détriment des miracles et autres apparitions «fantastiques» crée un pont entre le Sacré et le profane, l’homme et le Christ. L’omniprésence de la parole de Jésus, l’identification aisée des apôtres et êtres humains en général, le flou autour de certains lieux et la simplicité des scènes de miracles et d’apparitions tendent vers un seul et même objectif: humaniser cette religion ! Pour moi, Pasolini a réussi à extraire du véritable Evangile selon Saint Matthieu les quelques gouttes d’humanité et d’amour qui forment le véritable socle du christianisme (j’ose le croire, en tout cas). Sans mauvais jeu de mots: qu’un athée convaincu ait réussi cela relève du miracle ! :-D La somptueuse B.O. participe aussi à cette désacralisation grâce à un audacieux mélange de musique sacrée et profane (on passe de musiques du monde aux grands airs de musique classique – Bach, Mozart, Prokofiev – avec un naturel déconcertant). Outre la B.O. et la réalisation, les autres points forts sont la photographie (magnifique noir et blanc), l’interprétation (Enrique Irazoqui campe avec talent un charismatique mais très humain Jésus), la mise en scène et les décors. Même si Les Diables (réalisé par Ken Russell) est une bien meilleure démonstration de l’imbrication (j’adore ce mot !) entre amour et religion, ce superbe film lyrique de Pier Paolo Pasolini n’en demeure pas moins de très bonne facture et affiche les mêmes louables et honnêtes intentions ! Une fusion réussie entre pédagogie documentaire, respect de l’intégrité de l’œuvre et humanité du propos qui est fort heureusement (mais c’est un avis personnel) bien loin de la médiocrité intellectuelle et technique du film Les Contes de Canterbury (du même réalisateur). A voir au moins une fois.

Comments

[Arkelios]

Salut salut!

Bon dimanche à toi et à très bientôt! :-)

Biz, Gianni

[dom]

Bon dimanche.
Bisoux

[Arkelios]

Salut Dom!

Oui, j'en ai l'impression... :-/
Les ralentissements sont de plus en plus fréquents, je trouve... :-/ :-/

Bon week-end quand même! ;-) Biz, Gianni

[dom]

CB déconne, ce matin !
Bon week-end.
Bisoux

[Arkelios]

Coucou!

Bonne fin de semaine à toi aussi, Dom!

Biz, Gianni