La Neuvième Porte (de Roman Polanski)
Restons encore un peu avec notre illustre hôte du moment… J’ai nommé le diable himself ! … … … Cependant, c’est avec une petite pointe d’amertume que je vais vous parler de La Neuvième Porte… Voilà un film qui n’était vraiment pas loin d’être un must du genre ! Roman Polanski a fauté sur deux points: une mise en scène trop hachée et mécanique qui n’est pas à la hauteur du scénario et une interprétation assez inégale (je sais bien qu’Emmanuelle Seigner est Mme Polanski…). Pour le reste, la quête de ces 9 gravures diaboliques tient en haleine du début à la fin ! Les thèmes principaux rencontrés dans cette œuvre singulière sont le destin, l’ambition, l'obsession, l'argent et… l’univers et l’amour des livres ! Après avoir vu ce thriller fantastique, mon amour pour les livres s’en est trouvé renforcé ! J’ai travaillé quelques temps dans une section "fonds ancien" en bibliothèque, section dédiée aux livres anciens et/ou rares (en gros)… Et je dois avouer que j’ai retrouvé dans ce film certains éléments intéressants et véridiques liés à ce milieu: le côté "rapace" de nombreux libraires spécialisés et experts en livres anciens et rares, le rapport très sensuel et presque charnel avec l’objet livre (les différents types de reliure et de papier, les gravures, "les tendres patines" dont parle le personnage de Balkan, …), le travail parfois quasi archéologique de la recherche documentaire, les rencontres avec les collectionneurs (pour des expertises de bibliothèques privées, entre autres), … Oui, La Neuvième Porte est un film très bien documenté ! On ressent une véritable et très agréable immersion dans le milieu du livre ancien et rare. Ma scène préférée reste la rencontre entre Fargas (le collectionneur portugais) et Corso, pleine d'authenticité ! Les points forts de l’œuvre de Polanski sont une partie de l’interprétation (Johnny Depp et Frank Langella largement en tête), une envoûtante B.O. (le thème principal lié au personnage de Corso est un petit bijou !), d’excellents décors et surtout une photographie exemplaire (qui donne un côté suranné au film et nous fait penser à Frantic, une autre grande œuvre du réalisateur) ! L’ensemble de ces réussites techniques confère une atmosphère à la fois inquiétante, fascinante et poisseuse au film qui oscille en permanence entre le thriller, le polar et le fantastique. Bien qu’excellent, le scénario n’a que peu de mérite puisqu’il est adapté de l’exceptionnel roman Le Club Dumas (d’Arturo Pérez-Reverte). En bref, si vous aimez les livres, le diable, l'ésotérisme, l'occulte et (plus généralement) les ambiances mystérieuses, ce film est fait pour vous ! Il faut toutefois faire fi de l’interprétation assez calamiteuse d’Emmanuelle Seigner, chose peu évidente au regard du désastre colossal qu’elle propose… Une autre actrice aurait offert au film une autre ampleur ! Malgré cela, je vous le recommande !